Le numéro deux de la Ville, Michael Applebaum, a profité de la réforme du financement des arrondissements pour bloquer les mesures controversées du Plateau-Mont-Royal, a déploré hier le maire Luc Ferrandez.

«Ça ne peut être plus clair», a-t-il déclaré en point de presse, à l'occasion de l'étude publique de cette réforme à l'hôtel de ville. «Je ne sais pas quelle mouche a piqué Applebaum. Sans doute moi... mais bon. C'était intense.»

La réforme Applebaum, présentée mercredi, permettra aux arrondissements de recevoir 70 millions de dollars de plus d'ici deux ans et leur offre 10% de l'assiette fiscale. Mais elle leur fait également perdre la gestion des voies collectrices, comme l'avenue Christophe-Colomb. Les changements de sens de la circulation, le déneigement ou l'implantation de parcomètres, trois sujets chauds sur le Plateau depuis deux ans, ne relèveront plus des arrondissements.

La réforme dicte également des normes uniformes en matière de collecte des ordures ménagères.

Pour le maire Ferrandez, la ville centre «va s'embourber» si elle se mêle de la gestion des voies collectrices, ces rues plus petites que les artères servant essentiellement au transit des automobiles. «N'allez pas vous enfoncer dans un modèle que vous ne serez jamais capable de gérer, avec une centralisation des collectrices pour toute la grande ville de Montréal, juste pour gérer les problèmes du Plateau», a-t-il lancé au président du comité exécutif, Michael Applebaum.

»Pas si radicaux»

En point de presse, il a par la suite estimé que l'administration avait montré une «crainte exagérée» en rapatriant des pouvoirs «pour contrôler les mesures d'apaisement de la circulation» sur le Plateau.

«On ne fait jamais des changements, même sur Christophe-Colomb, sans en parler à la ville centre, et aux pompiers et à la police. On n'est pas si radicaux.»

Piqué au vif, M. Applebaum a reproché au maire du Plateau de ne lui avoir soumis aucune recommandation lors de sa tournée des arrondissements au cours de l'hiver, «seulement une liste de demandes et des critiques aujourd'hui».

«Il faut maintenant que tout le monde mette ses culottes et donne du service adéquat à la population, a-t-il ajouté. Ce dossier n'a pas été pris en considération juste pour répondre aux problèmes du Plateau. C'est pour régler les problèmes de tous nos citoyens dans tous nos quartiers et arrondissements.»

La prise en charge des voies collectrices par la Ville centre, a expliqué un expert du CIRANO, Jean-Philippe Meloche, est une question d'équité: un arrondissement ne devrait pas avoir à payer pour une voie de transit surtout utilisée par des automobilistes de passage.