La commission des transports de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) se penchera sur près de 150 mémoires lors des consultations publiques sur le financement des réseaux de transports en commun de la métropole, qui débuteront lundi prochain.

Du 30 avril au 9 mai, plusieurs dizaines de simples citoyens vont défiler à la même tribune que des municipalités, des universitaires, des écologistes et des organismes aussi variés que le Conseil du patronat, l'Office des personnes handicapées du Québec ou IBM Canada.

Des pistes de solutions

Cette consultation vise à proposer des pistes de solutions aux problèmes de financement du métro, des trains de banlieue et des services d'autobus qui assurent quotidiennement plus de 1,3 million de déplacements dans la région de Montréal.

Joint par La Presse la semaine dernière, le maire de Bois-des-Filion, Paul Laroque, président de la commission des transports de la CMM, s'est réjoui de l'intérêt suscité par cette consultation, «qui permettra aux élus de dégager une position commune» relativement aux défis de financement à venir.

La CMM a adopté l'an dernier un Plan métropolitain d'aménagement et de développement (PMAD), qui intègre de nombreux grands projets d'investissements dans les réseaux de transports collectifs, dont le coût total a été estimé à près de 23 milliards.

Le maire Larocque affirme que «tout est mis sur la table»: le recours aux taxes sur l'essence, le stationnement et l'immatriculation, qui contribuent déjà à financer les services, ou l'utilisation de nouvelles sources de financement comme les péages routiers et les mécanismes de «captation de la valeur foncière», mis en place dans d'autres villes du monde.

«On s'attend à une multitude d'opinions, aussi diverses qu'opposées, sur tous les sujets, dit M. Larocque. Mais, on sait au moins une chose: le public veut plus de services de transports en commun. Il veut des réseaux en bon état et il veut des services de qualité.»

Nuages à l'horizon

«Mais les gens sont aussi conscients qu'il y a un coût à payer, assure-t-il. Combien sont-ils prêts à payer? Et comment fait-on pour répartir la facture de façon équitable? C'est ce qu'on va essayer de déterminer dans les semaines qui viennent», ajoute M. Larocque qui s'attend à des échanges civilisés, mais animés.

Pour la directrice générale de l'Association du transport urbain (ATUQ), France Vézina, la consultation de la CMM survient à un moment opportun sur le plan de la sensibilisation du public et de la cohésion des élus dans la région métropolitaine.

Cette consultation arrive également au moment où un vent d'incertitude souffle sur les réseaux de transports collectifs.

Depuis 2006, la politique québécoise des transports collectifs a permis d'injecter des centaines de millions de dollars dans des projets d'amélioration des services aux usagers. Elle visait une hausse de l'achalandage de 8% en cinq ans. Cet objectif a été largement dépassé avec une hausse globale de 11% de la clientèle dans les réseaux.

L'expiration de cette politique à la fin 2011 et le mystère entourant les intentions de Québec quant aux suites à y donner laissent planer de gros nuages à l'horizon.

Selon Mme Vézina, les neuf grandes sociétés de transports collectifs du Québec, membres de l'ATUQ, pourraient cumuler un déficit d'exploitation de plus de 160 millions dès l'an prochain si elles n'ont pas accès à de nouvelles sources de financement.