Quoi qu'il arrive aux prochaines élections municipales, Richard Bergeron ne sera plus conseiller du Plateau-Mont-Royal. Le chef de Projet Montréal, qui sera candidat à la mairie en novembre 2013, s'est en effet choisi une colistière dans l'arrondissement de Ville-Marie, Janine Krieber. L'épouse de l'ex-chef du Parti libéral du Canada Stéphane Dion, professeure au Collège militaire royal de Saint-Jean, est vice-présidente de Projet Montréal depuis août dernier.

Selon le cadre électoral actuel, Mme Krieber devra céder son siège de conseillère si M. Bergeron échoue à se faire élire maire de Montréal. C'est ce qui est arrivé en 2005 et 2009, alors que M. Bergeron, un résidant de l'arrondissement de Ville-Marie depuis 11 ans, avait choisi des colistiers du Plateau-Mont-Royal. Janine Krieber sera candidate dans le district de Saint-Jacques. «C'est un district dans lequel je réside depuis août 2001: maintenant, j'arrive chez moi», explique le chef de Projet Montréal en entrevue.

Il ne tarit pas d'éloges à l'égard de sa colistière, «tellement professionnelle, tellement compétente, tellement habituée aux appareils politiques», qu'il présente comme un atout «inestimable» pour son parti. Quand on lui rappelle qu'elle pourrait devoir céder son siège à son chef, il réplique du tac au tac qu'il compte gagner la course à la mairie.

«Je n'ai pas fondé Projet Montréal pour être sur les banquettes de l'opposition à vie. C'est un projet politique qui a été créé pour prendre le pouvoir. Je veux être maire de Montréal, Janine veut siéger.»

Solidaire avec Ferrandez

Il nie farouchement vouloir prendre ses distances des politiques controversées du maire Luc Ferrandez dans le Plateau-Mont-Royal. L'arrondissement a eu droit à son lot de contestations et de manchettes depuis que Projet Montréal y a pris le pouvoir en novembre 2009. «D'aucune manière, je ne fuis quoi que ce soit. Je suis totalement solidaire de Luc Ferrandez. Je siège sur le Plateau depuis huit ans, je suis très fier de ce que nous y faisons. Je suis solidaire de chaque décision qui a été prise. Sur le Plateau, on met en oeuvre le programme de Projet Montréal.»

Sa décision de choisir une colistière dans Ville-Marie, qui fait l'objet de nombreuses rumeurs depuis le début de l'année, se veut «strictement positive». Le fonctionnement unique de l'arrondissement, dont trois élus sur six sont nommés automatiquement au lieu d'être choisis par les électeurs, engendre un «déficit démocratique», estime M. Bergeron.

«La prime démocratique que j'apporte, c'est qu'on est assuré que si je deviens maire, le maire de Ville-Marie sera un résidant de l'arrondissement. On atténue ce déficit démocratique même s'il ne disparaît pas totalement.»

«Ambitieux pour le centre-ville»

Il dénonce en outre le manque de vision et de transparence de l'administration du maire Gérald Tremblay, notamment dans le dossier du Quartier de la santé. «Tout est manipulation par les communications. On est en train d'investir 2,5 milliards sans aucune réflexion sur l'avenir du quartier. Ça passe par des deals, de petits arrangements autour de la table, entre membres introduits auprès de l'administration Tremblay. Il faut que ça arrête.»

Richard Bergeron se dit persuadé d'arriver à déloger l'administration actuelle après les élections du 3 novembre 2013. Son parti a le vent dans les voiles, ses finances sont saines et son programme solide, estime-t-il. «J'ai très hâte d'être maire de Montréal et de Ville-Marie, si la population le veut. Je suis extrêmement ambitieux pour le centre-ville, c'est le coeur de Montréal.»

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Cinq dates marquantes

1955 Naissance de Richard Bergeron à Alma.

2000 Il est nommé responsable des analyses stratégiques à l'AMT.

2004 Fondation de Projet Montréal.

2005 Richard Bergeron récolte 8,5% des voix à la mairie. Projet Montréal fait élire un conseiller qui cède son siège à son chef.

2009 Le chef de Projet Montréal récolté 25,6% des voix lors des dernières élections municipales.