Les voleurs de vélo peuvent dormir sur leurs deux oreilles, d'après les rares statistiques sur le sujet. En moyenne, 2500 vols de vélo sont signalés chaque année, soit environ 5 à 10 fois moins que le nombre de bicyclettes réellement dérobées durant la même période, estiment les autorités.

Dans l'espoir de mieux estimer le nombre de vols de vélo - et le réduire -, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) invite les cyclistes à procéder au burinage de leur monture.

Une recommandation chaudement partagée par le Comité de travail sur le vol de vélo à Montréal, qui vient de déposer un deuxième mémoire devant la Commission de la sécurité publique de la Ville. La Presse a obtenu le document de ce comité, auquel siègent des organismes spécialisés, des policiers, des commerçants, des citoyens et des élus.

L'auteur du mémoire, le conseiller municipal du district Étienne-Desmarteau, Marc-André Gadoury, avoue travailler un peu dans le brouillard. «Les plus pessimistes estiment à 30 000 le nombre de vélos volés chaque année, mais il y a un flou. C'est pourquoi on recommande la tenue d'un sondage d'envergure», explique le conseiller, élu sous la bannière de Projet Montréal.

Le comité est toutefois en mesure de dresser un portrait de la situation à partir des données sur le sujet.

On apprend notamment que près de 30% des vols rapportés le sont dans trois postes de police desservant les arrondissements du Plateau-Mont-Royal et de Ville-Marie. Un sondage mené en 2010 par l'Université McGill révèle aussi que 39% des cyclistes se sont déjà fait voler un vélo, dont 8% à plus de quatre reprises.

Seulement 1,5% des vélos retrouvés après un vol sont retournés à leur propriétaire, ajoute le SPVM.

Burinage

C'est pourquoi les autorités encouragent aussi le burinage des vélos, qui permettrait selon eux d'augmenter à 40% le pourcentage de vélos restitués.

Le burinage consiste à graver un numéro sous le pédalier du vélo.

De concert avec les organismes Tandem et Jeunesse au Soleil, les policiers organisent donc régulièrement des séances de burinage dans des parcs. Quelque 2000 vélos ont ainsi été burinés en 2011.

Sur place, les cyclistes sont aussi invités à fournir divers renseignements sur le vélo (marque, modèle, nombre de vitesses, numéro de série, etc.) pour aider les policiers à les retrouver en cas de vol. «Il faut briser le cercle vicieux de ne rien faire. Il y a une banalisation de ce crime-là», déplore M. Gadoury.

Le commandant du poste de quartier 38 (Plateau-Mont-Royal), Stéphane Bélanger, est derrière le projet Numéro, qui consiste depuis 2011 à tenir des séances de burinage à grande échelle. Son idée semble faire des petits, puisque plusieurs postes de quartier se sont joints au projet. Le commandant Bélanger a aussi hérité du dossier du vélo pour l'ensemble du territoire.

Il a décidé d'agir après avoir entendu les doléances d'une citoyenne de son quartier, qui dénonçait l'inaction des policiers après avoir rapporté trois vols de vélo. «Depuis, seulement sur le Plateau, nous avons enregistré une baisse des vols de 10%», observe le commandant Bélanger, qui aimerait étendre le projet à tous les postes de quartier de l'île.

Si elle n'enquête évidemment pas sur chaque vol, la police mène à l'occasion des interventions ciblées dans des endroits où l'on s'improvise vendeur de vélos d'occasion. La police a répertorié une douzaine de ces endroits seulement dans le Plateau.

En 2011, la police a ainsi arrêté neuf personnes qui vendaient des vélos sans permis sur la voie publique. Les voleurs se servent aussi de l'internet pour écouler la marchandise volée.

Mais le meilleur moyen de décourager les voleurs demeure l'achat d'un bon cadenas, conclut le commandant.