Les terrains de la gare de Saint-Léonard vont coûter trois fois plus cher que prévu en raison de la décision de construire la gare sur une propriété privée, au nord de la voie ferrée, plutôt qu'au sud, sur des terrains vagues de la Ville de Montréal.

«Nous avons l'impression que le choix a été influencé par l'arrondissement de Montréal-Nord», estime l'évaluateur agréé Norman Roy, dans un rapport produit à la demande d'Infrastructure Québec.

Le choix de cet emplacement «est surprenant», écrit l'évaluateur, et «ne semble pas fait selon la volonté de l'AMT».

Car en plus d'indemniser le propriétaire des terrains, Allan Korzinstone, l'AMT devra aussi verser une compensation substantielle à un commerce, Pièces d'autos Montréal-Nord, qui a exploité un cimetière de voitures durant presque 30 ans du côté nord de la voie ferrée.

Les compensations à verser au propriétaire et au locataire de ces terrains seront fixées par le Tribunal administratif du Québec, saisi du dossier.

En ajoutant le coût des deux lots de la Ville de Montréal déjà achetés, au sud de la voie ferrée, l'AMT prévoit que l'acquisition de ces terrains coûtera au total un peu plus de 6 millions de dollars.

«Pourquoi n'a-t-on pas simplement acquis les terrains, propriétés de la Ville, situés au sud de la voie? s'étonne l'évaluateur dans son rapport. Si ce terrain avait été exproprié dès 2006, le coût d'acquisition des terrains de la gare Saint-Léonard n'aurait pas dépassé 2 millions, dans le pire des cas.»

En 2006, peu après l'annonce du projet, l'AMT avait désigné des lots au sud de la voie ferrée, dans l'arrondissement de Saint-Léonard, pour la construction de la gare. Ces terrains vagues, propriétés de la Ville de Montréal, avaient été évalués à près de 1,2 million de dollars à l'époque.

Mais en janvier 2007, selon le compte rendu d'une réunion de projet cité par l'évaluateur, «l'arrondissement de Montréal-Nord souhaite que le stationnement soit relocalisé du côté nord, sur un terrain d'entreposage de voitures», qui se trouve dans l'arrondissement de Montréal-Nord.

Un mois plus tard, dans une lettre d'opinion demandée par l'AMT, un expert en évaluation estime alors que l'acquisition des terrains et du commerce situés au nord de la voie ferrée pourrait coûter 11 millions, «alors qu'un terrain situé au sud de la voie ferrée, dans l'arrondissement St-Léonard, a été identifié et évalué à 1 190 000$».

Les motifs de la décision de l'AMT de construire la future gare Lacordaire au nord de la voie ferrée plutôt que du côté sud, comme prévu en 2006, «ne sont pas documentés», selon le rapport.

La présence d'une «antenne ferroviaire», qui occupe une partie de l'espace au sud de la voie ferrée, «serait un motif rendant le terrain techniquement difficile à utiliser», selon les justifications présentées par l'AMT.

«Pourtant, dit l'évaluateur, on prévoit aménager un terrain de stationnement du côté sud et construire une passerelle pour piétons au-dessus de la voie ferrée. Le terrain est donc utilisable.»

«Pourquoi acheter l'entreprise Pièces d'auto Montréal-Nord, locataire des terrains situés au nord de la voie, alors qu'il y a des terrains disponibles dans le voisinage?»