Autoriser des immeubles plus hauts dans certains secteurs du centre-ville qui ont besoin d'être densifiés, limiter les hauteurs ailleurs pour protéger la vue sur la ville et sa montagne.

C'est essentiellement ce qui ressort des 37 mémoires et avis reçus en novembre dernier, dont l'Office de consultation publique de Montréal (OCPM) a fait la synthèse dans son rapport rendu public hier. L'organisme s'est penché sur une importante refonte proposée par l'arrondissement de Ville-Marie, le Cadre de révision des hauteurs et densités du centre-ville. Le but de l'opération est d'accélérer le lotissement de terrains vacants, notamment aux abords des autoroutes Bonaventure et Ville-Marie, dont on évalue la capacité à 13 500 logements et 750 000 mètres carrés de bureaux.

La révision est nécessaire, explique-t-on, puisque les règles entourant les hauteurs et les densités dans le centre-ville n'ont pas été modifiées depuis 1992. Alors que le coeur de Montréal connaît une conjoncture favorable au lotissement, «la concentration de terrains vacants aux abords du centre des affaires» nuit au dynamisme du centre, à son paysage et à l'animation des espaces publics, estime l'arrondissement. Ces terrains sont vacants depuis des décennies et se situent souvent dans des espaces stratégiques.

L'OCPM se dit d'accord avec la plupart des propositions d'augmentation des limites de hauteur. Très technique, le rapport aborde chaque zone du centre-ville, en recommande parfois la modification des limites et suggère dans d'autres cas, comme dans celui de l'îlot Brennan, de ne rien changer.

Deux réserves sont émises

Toutefois, deux propositions de l'arrondissement «présentent des difficultés particulières», note le rapport. D'abord, le fait d'augmenter les hauteurs sur le seul côté est de l'autoroute Bonaventure créerait un déséquilibre avec le côté ouest, qui relève de l'arrondissement du Sud-Ouest. De plus, dans le futur Quartier de la santé, de la rue Saint-Urbain jusqu'à l'est de la rue Sainte-Élisabeth, on souhaitait augmenter à 80 mètres la limite qui est actuellement de 60 mètres.

Or, ce changement risque «d'entraîner la perte irrémédiable d'un paysage urbain remarquable et la disparition du panorama sur le centre-ville que l'on peut admirer à partir de la place Vauquelin», mettant en danger «un lien visuel important entre le centre-ville et le Vieux-Montréal», estime l'OCPM.

L'organisme recommande à l'arrondissement de Ville-Marie, dirigé par le maire de Montréal Gérald Tremblay, de produire d'ici un an «un énoncé d'aménagement du centre-ville» qui pourrait être soumis au débat public. Pour aider les promoteurs à naviguer dans la réglementation, on propose de regrouper tous les critères d'évaluation des projets en un «guide d'approbation», dont Ville-Marie a déjà annoncé la préparation. À l'arrondissement, on affirme accueillir «avec intérêt» ce rapport. Le Cadre de révision sera présenté au conseil municipal en avril prochain.