Dangereuse et désertée par les commerçants, l'avenue du Parc? Dans une charge à fond de train contre l'administration Tremblay, les élus de l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal ont décrit ainsi cette artère fréquentée, sur laquelle une quinzaine de piétons et cyclistes sont blessés gravement chaque année.

Accompagnés des «forces vives» du quartier, les élus ont réitéré jeudi leur demande à la Ville de profiter des travaux de réfection actuels pour rendre l'avenue plus sûre. «Le chantier en cours est l'occasion idéale pour changer la situation. Mais un seul homme a empêché ça: Richard Deschamps, responsable des infrastructures au comité exécutif», a déclaré Alex Norris, conseiller du district Mile End élu sous la bannière de Projet Montréal.

«Nous avons tout essayé pour convaincre M. Deschamps. Nous avons envoyé des lettres et l'avons interpellé au conseil. Ce sont ses refus obstinés qui nous ont amenés à réunir les forces vives du quartier.»

M. Norris était en effet pour l'occasion accompagné de représentants des commerçants, de la commissaire scolaire, de CPE et même de la communauté hassidique. Il a de plus déposé une lettre dans laquelle d'autres groupes comme Vélo Québec et la commission scolaire English Montreal appellent l'administration Tremblay à améliorer la sécurité de l'artère.

Victime le 3 décembre dernier, avec ses deux jeunes enfants, d'un grave accident dans lequel ils ont été fauchés par un automobiliste distrait angle du Parc et Fairmount, Stéphanie De Flandre a apporté son soutien à la mobilisation. «Il faut ouvrir les yeux, c'est terrible, a-t-elle déclaré. Quand il y a des travaux à faire, on n'a pas le choix.»

Des travaux d'urgence

Piqué au vif par la sortie des élus du Plateau, Richard Deschamps a rapidement réagi, assurant que la Ville étudierait les mesures pour rendre l'avenue du Parc plus sûre «après» la fin des travaux en cours.

Et pourquoi pas pendant? L'élu affirme que la Ville ne peut planifier ces mesures immédiatement puisque les travaux en cours, qui durent depuis 18 mois et qui doivent prendre fin en juin, ont été préparés dans l'urgence. «On est dans des travaux d'urgence. La façon dont les octrois de contrats sont faits, il aurait fallu prévoir avant.»

Fréquentée par plus de 35 000 automobilistes chaque jour, l'avenue du Parc est touchée par d'importants travaux de réfection des infrastructures souterraines visant à assurer l'approvisionnement en eau potable du secteur.

Un plan déjà établi

Rendre plus sûre une rue comme l'avenue du Parc est relativement simple et ne nuira pas à la fluidité de la circulation, a soutenu M. Norris. Les saillies de trottoir, qui permettraient le rétrécissement de la chaussée dans des rues transversales, ont déjà été installées ailleurs par l'arrondissement à moins de 50 000$ pièce, et en moins de trois semaines.

Les fonctionnaires de la Ville ont déjà préparé un plan complet pour améliorer la sécurité de l'avenue du Parc qui a été exposé aux journalistes lors de la conférence de presse. «Ce que ça prend, c'est de la volonté politique, et nous ne voyons pas cela de la part de cette administration», estime M. Norris.

Président de l'Association des commerçants de l'avenue du Parc, Jimmy Zoubris a quant à lui plaidé pour un embellissement de l'artère. Il a également suggéré une synchronisation adaptée pour réduire la vitesse des automobiles.

«Ça fait six ou sept ans qu'on le demande, on est rendus au point où "No more nice guys". On demande le même traitement que Saint-Laurent ou Chabanel.»

Richard Deschamps estime que les interventions en surface risquent d'avoir un impact sur les infrastructures souterraines ou de nécessiter le déplacement de bouches d'égout. L'implantation de saillies aux intersections pourrait ainsi être impossible. Il affirme que son administration a déjà fait beaucoup pour la sécurité des piétons. Depuis 2004, 404 feux de circulation ont été refaits tandis que la Ville améliorera la sécurité de 500 intersections d'ici à 2017 grâce à un investissement de 27 millions.