Denis Coderre en rêve; Georges Bossé y travaille; Michael Fortier, lui, hésite. D'autres disent non plus vite que leur ombre: André Boisclair, Liza Frulla, Martin Cauchon. À quoi? À la mairie de Montréal. À un an et demi des élections, notre journaliste Michèle Ouimet a tâté le terrain.

Maire de Montréal? Le député libéral Denis Coderre y songe très sérieusement. «Je ne dis pas non, au contraire, m'a-t-il confié. J'ai obtenu 23% des voix dans le dernier sondage, c'est très flatteur.»

La Presse a mené un sondage en avril 2011. Elle a testé des noms pour la mairie de Montréal. Denis Coderre a remporté la palme avec 23% des voix, André Boisclair, ancien chef du Parti québécois, a récolté 15%, Michael Fortier, ex-ministre fédéral, 7%, et Martin Cauchon, 5%.

J'ai rencontré Denis Coderre dans une pizzeria du Vieux-Montréal. Il tutoyait la serveuse et saluait tous les clients. Au début du repas, je le vouvoyais, mais lui me tutoyait.

Denis Coderre est un junkie de la politique. Il le sait et il s'assume.

«Je suis un carriériste, a-t-il précisé. Je vais faire de la politique toute ma vie.»

Il entretient soigneusement son réseau. Il a 8000 amis Facebook et 47 000 abonnés sur Twitter. Il parle italien et créole. Il est en symbiose avec sa circonscription (Bourassa, dans l'est de Montréal), qu'il représente depuis 1997 et où vivent... des Italiens et des Haïtiens.

Il a toujours été à l'avant de la scène. Dès la 1re année du primaire, il prononçait des discours devant les élèves. Au secondaire, il était président de sa classe. Briller, voir et être vu.

Alors la mairie? Il y pense sérieusement. Mais Denis Coderre veut d'abord régler la question du leadership du Parti libéral du Canada. Le congrès doit se tenir au printemps 2013. Plongera, plongera pas? Coderre réfléchit. Une chose est certaine, il veut devenir chef du Parti libéral ou maire de Montréal.

«J'ai donné ma vie à la politique. J'ai 48 ans et ça fait 29 ans que je milite au Parti libéral.»

Que pense-t-il du maire Gérald Tremblay?

- Il a des forces, a-t-il répondu.

- Lesquelles?

- Il est sympathique.

Photo: La Presse

Député libéral à la Chambre des communes à Ottawa depuis 1997, Denis Coderre a été, entre autres, secrétaire d'État au Sport amateur et ministre de l'Immigration. Il a 48 ans.

Ses modèles? Claude Ryan, un homme «authentique».

Et Régis Labeaume? «Je le connais bien et je l'apprécie. Il fait partie de la solution.»

Est-il un Régis Labeaume ou un Gérald Tremblay?

Il a répliqué sans hésiter: «Je suis Denis Coderre.»

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Georges Bossé est plus direct. La mairie l'intéresse, il ne s'en cache pas. Un groupe de réflexion de neuf personnes cogite autour de sa candidature. Mais il hésite. Il a peur que sa vie privée soit bulldozée par la politique. Il a 68 ans.

Georges Bossé, ex-redoutable maire de Verdun qui a dirigé sa ville avec une main de fer, opposant féroce au projet «une île, une ville» qu'il a fini par accepter quand il a vu le rouleau compresseur des fusions avaler Verdun.

Il était le leader des maires de banlieue, la force de frappe antifusions. C'est lui qui a choisi Gérald Tremblay comme candidat à la mairie de la nouvelle ville, en 2001. Il croyait qu'il pouvait battre Pierre Bourque, un centralisateur insensible aux besoins des banlieues.

Tremblay a battu Bourque. Bossé a fait partie de son comité exécutif. En 2005, il a décidé de ne pas se représenter parce que Gérald Tremblay l'avait déçu. Trop lent, trop mou.

«Gérald a un grand besoin de rallier, alors il met la barre trop bas. Quand on devient insipide, inodore et sans saveur, on n'obtient pas de résultats. [...] Gérald Tremblay a fait son temps.»

Photo: La Presse

Georges Bossé : Maire de Verdun (ville et arrondissement) de 1993 à 2005. Membre du comité exécutif de Gérald Tremblay de 2002 à 2005. Il a 68 ans.

S'il devenait maire, Georges Bossé changerait complètement la dynamique de la ville. Il éliminerait les partis politiques - une perte de temps -, il donnerait davantage de pouvoir aux arrondissements et il mettrait la hache dans le conseil d'agglomération qui chapeaute l'île et s'occupe des services communs, comme la police et les pompiers.

Son nouveau conseil d'agglomération serait dirigé par 18 élus qui auraient le droit d'imposer des taxes. Mais le vrai pouvoir de taxation serait confié aux 19 arrondissements, qui seraient aussi indépendants que les 15 villes défusionnées. Sous une administration Bossé, il y aurait 34 villes-arrondissements et un conseil de 18 élus qui chapeauterait le tout.

Georges Bossé rêve d'un leader fort pour Montréal, un homme de la trempe de Régis Labeaume ou de Jean Drapeau.

Le Labeaume-Drapeau revu et amélioré, ce serait lui.

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Michael Fortier n'a quant à lui pas voulu faire de commentaire, mais de bonnes sources indiquent qu'il est intéressé par le poste de Gérald Tremblay. Sa crainte: voir sa vie de famille balayée par la politique. Maire de Montréal? Un travail de fou, 24 heures sur 24, 7 jours par semaine.

Il a six enfants de 4 à 20 ans. Alors, il hésite. Beaucoup.

Photo: PC

Michael Fortier : Ministre non élu dans le gouvernement conservateur de Stephen Harper. Responsable du Commerce international, des Travaux publics et de la région de Montréal. Battu en 2008. Il a 50 ans.