Un deuxième cadeau pour le 375e anniversaire de Montréal coûtera plus cher que prévu. La facture pour la Ville du nouveau Planétarium a pratiquement triplé depuis le début du projet pour atteindre 25,7 millions.

Lundi prochain, les élus du conseil municipal de Montréal seront appelés à voter un troisième emprunt pour couvrir les frais de construction du nouveau Planétarium, dont l'ouverture est prévue en 2013. Deux millions manquent encore pour financer le chantier lancé en juin dernier.

La facture du projet, qui est sur la planche à dessin depuis 10 ans, est successivement passée de 31 millions, en 2005, à 46 millions, en 2010, et maintenant à 48 millions.

Tous les coûts supplémentaires survenus depuis 2005 sont couverts par les Montréalais. La part de la Ville dans le projet est ainsi passée de 9 millions à 25,7 millions. Les contributions des gouvernements provincial et fédéral restent inchangées à 9,5 et 9 millions respectivement, tout comme le don de 3,8 millions de la société Rio Tinto Alcan, qui verra son nom accolé à celui du Planétarium. Afin de réduire la facture pour ses citoyens, Montréal souhaite maintenant mener une nouvelle campagne de financement auprès de donateurs privés.

À la Ville, on refuse de parler d'un dépassement de coût, puisque les 2 millions manquants seront puisés à même l'enveloppe de 189 millions destinée au projet d'Espace pour la vie afin de réaménager les environs du Stade olympique. C'est donc dire que moins d'argent sera dépensé pour aménager l'esplanade reliant le Biodôme, l'Insectarium, le Jardin botanique et le Planétarium.

Oublis

La facture du projet a augmenté, car la première évaluation ne comprenait pas les coûts du concours d'architecture, les équipements, le spectacle d'ouverture, l'exposition permanente ni les frais de contingence, explique Charles-Mathieu Brunelle, directeur général de l'Espace pour la vie.

Devant l'augmentation des coûts, les concepteurs avaient décidé en 2010 de réduire l'ampleur du projet de 25%. La nouvelle augmentation des coûts pousse maintenant la direction à abandonner l'achat de nouveau matériel pour ses employés. Ceux-ci devront donc récupérer leur ancien poste de travail et même leurs vieux ordinateurs, explique M. Brunelle.

Les responsables du Planétarium caressent d'ambitieux objectifs pour leur ouverture. Ils prévoient attirer 300 000 visiteurs durant la première année, soit trois fois plus qu'avant le déménagement.

Le 375e, un «fourre-tout» ?

L'opposition s'inquiète d'apprendre que le Planétarium a été d'emblée défini comme un legs alors que la Ville disait être en consultation pour déterminer les cadeaux que la métropole s'offrira pour son anniversaire de fondation. «Ce que je trouve inacceptable, c'est d'essayer de justifier des projets en les appelant projets du 375e», s'indigne Louise Harel, chef de l'opposition.

La Presse a révélé en novembre dernier qu'un premier legs avait été défini et avait lui aussi connu un important dépassement de coûts. Le budget de la rénovation du restaurant Hélène-de-Champlain, financée par la Ville, a plus que doublé. La facture pour Montréal est passée de 5,3 millions à 12,4 millions.

«C'est le deuxième projet qu'on veut nous faire passer pour un legs et c'est le deuxième dépassement de coûts. Ça va être quoi quand on va se doter de vrais legs?», s'inquiète François Limoges, conseiller de Projet Montréal. La deuxième opposition réclame par ailleurs que le Planétarium ne porte plus le nom de Rio Tinto Alcan, estimant que la contribution de la société est trop faible.