Le diable se cache dans les détails, veut l'expression. Projet Montréal se questionne sur le sérieux accordé aux appels d'offres par un service de la Ville de Montréal après avoir découvert des exigences informatiques aujourd'hui révolues dans l'un de ses contrats.

Une vieille disquette 3,5 po en main, le conseiller Marc-André Gadoury a demandé à l'administration d'expliquer pourquoi un appel d'offres pour un contrat de 2,4 millions exigeait l'utilisation de ce vétuste support informatique. «Plus personne ne peut insérer une disquette 3,5 po dans son ordinateur aujourd'hui», a-t-il souligné.

Le cahier de charge consulté par l'élu et dont a pris connaissance La Presse demande également aux entreprises d'envoyer leurs propositions dans la plus récente version de WordPerfect. Ce logiciel de traitement de texte a connu son heure de gloire à la fin des années 80 et au début des années 90. La Ville de Montréal a toutefois cessé de l'utiliser en 1995 quand il a été supplanté par un rival, Word.

Un logiciel de 1994

Le document précise également que les architectes doivent au moins utiliser la version 13 du logiciel Autocad. Or, celle-ci date de 1994. Vérifications faites, ce logiciel en est aujourd'hui à sa 26e version.

Le conseiller Marc-André Gadoury ne doute pas que la Ville a mis à jour ses logiciels, mais s'interroge sur la qualité des appels d'offres. «On se demande si quelqu'un fait la relecture des contrats. N'importe qui lisant ce contrat se rend compte que c'est un anachronisme. Pour les firmes d'architectes ou d'ingénieurs, on doit passer pour des incompétents. Imaginez les extras qu'ils peuvent nous facturer après», se désole-t-il.

Le conseiller dit surtout être inquiet à propos de l'exigence portant sur les disquettes. Dernier producteur de ces supports informatiques, Sony a annoncé en avril 2010 la fin de leur production. Leur utilisation a rapidement décliné à la fin des années 90, alors que les lecteurs de disquettes étaient remplacés par des graveurs de disques compacts sur les ordinateurs. Aujourd'hui, les clés USB ont pris le relais comme principal support informatique. Une clé de 30 grammes peut emmagasiner jusqu'à 256 Go, l'équivalent de 182 000 disquettes 3,5 po.

Des logiciels modernes

La Ville de Montréal a assuré utiliser des logiciels modernes et avoir mis depuis longtemps les disquettes au rancart. «Pour nous, c'est implicite que, quand on a accès à des outils plus performants, on peut les utiliser. Personne n'a jamais pensé qu'il serait pénalisé s'il n'utilisait pas des disquettes», a indiqué un porte-parole municipal, François Goneau.

La Ville explique utiliser un «contrat type» pour ses appels d'offres et que celui employé récemment avait visiblement été rédigé au milieu des années 90. Le document faisait d'ailleurs référence au Service des immeubles qui a pourtant été aboli lors des fusions, en 2002. François Goneau a précisé que ce contrat type était en cours de révision.