La moitié des terres agricoles de Laval appartient à des spéculateurs, selon un regroupement qui réclame un gel de la zone agricole pour 20 ans.

La semaine dernière, la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) a adopté son projet de plan d'aménagement pour toute la région. Elle y a inséré des exceptions possibles au gel de la zone agricole, tout en affirmant qu'il y a l'espace pour répondre à tous les besoins d'ici à 2031. Ce projet doit maintenant être approuvé par Québec.

Mais ce régime d'exception va permettre à la spéculation de se poursuivre, affirme Guy Garand, du conseil régional de l'environnement de Laval (CREL).

«On a vu que pour les milieux humides, l'exception est devenue la règle», a ajouté Christian Simard, de Nature Québec.

Selon le décompte fait par le CREL, 3403 hectares de terres zonées exclusivement pour l'agriculture appartiennent à 4000 propriétaires qui ne sont pas des producteurs agricoles. Cela représente 49% de la zone verte lavalloise.

Laval compte 175 producteurs agricoles qui se spécialisent surtout dans l'horticulture et la production maraîchère. Les terres de l'île Jésus sont parmi les plus fertiles au Québec et le climat y est aussi très favorable.

L'achat de terres agricoles par des spéculateurs finit par nuire à la production, même si plusieurs sont louées à des agriculteurs, affirme Normand Legault, producteur maraîcher à Laval et président de la Fédération des producteurs maraîchers du Québec. «Il y a des terres qui tombent en friche», dit-il.

M. Legault estime que la Ville de Laval devrait revendre à des agriculteurs les terres saisies pour non-paiement d'impôt foncier au fil des ans.

Les spéculateurs sont avantagés par le bas impôt foncier sur les terres agricoles. En louant leurs terres, ils sont en quelque sorte payés pour spéculer, affirme-t-on. «Il y a 4000 propriétaires qui sont en attente de dézonage et qui se disent que le temps joue pour eux», affirme Christian Simard. Selon lui, Québec doit aller plus loin que ce que propose la CMM et interdire tout dézonage pour 20 ans. Cette demande est appuyée par la Fondation David Suzuki et le conseil régional de l'environnement de Montréal.