Les 35 structures de béton armé qui composent les échangeurs Turcot et De La Vérendrye ainsi que la portion surélevée de l'autoroute Ville-Marie sont dans un état de décrépitude si avancé qu'il faudra dépenser 254 millions pour les maintenir en service, avant de les démolir, en 2018.

Le ministère des Transports du Québec (MTQ) a rendu publics, hier, les plus récents rapports d'inspection générale de chacune de ces structures qui souffrent à peu près toutes des mêmes déficiences: «éclatement du béton et corrosion des armatures» des colonnes et des piles de béton de l'échangeur. «Fissuration importante» dans les chevêtres sur lesquels reposent les poutres-caissons des voies de circulation surélevées. «Défoncement de la dalle supérieure sur laquelle roulent les 300 000 véhicules qui empruntent, chaque jour, l'une ou l'autre des bretelles de cet échangeur qui relie entre elles les autoroutes 15, 20 et 720, dans le sud-ouest de Montréal.

Des photos qui valent mille mots

Ces rapports, au vocabulaire très technique et au ton très neutre, sont accompagnés de centaines de photos réalisées en cours d'inspections et qui traduisent de manière beaucoup plus éloquente les multiples maux qui affligent l'échangeur, inauguré en 1967, et qui arrive en fin de vie utile.

Ces structures sont minutieusement inspectées, a affirmé le ministre des Transports du Québec, Pierre Moreau, en rendant publics ces rapports. Le ministère des Transports ne néglige aucun effort et les interventions nécessaires sont prises pour assurer la sécurité de la population qui y circule quotidiennement.»

Au cours de la seule année 2012-2013, le MTQ prévoit réaliser des travaux totalisant 70 millions pour renforcer et réparer les plus importantes bretelles de circulation avant le début des grands chantiers de reconstruction de l'échangeur, prévus au printemps 2013.  

D'ici là, les travaux préparatoires à la construction du nouvel échangeur, dont les coûts sont estimés à 400 millions, côtoieront les chantiers de réfection du vieil échangeur, encore plus nombreux, l'an prochain.

Circulation difficile

Les conditions de circulation, qui se sont sévèrement détériorées depuis le début de 2011 dans les quatre échangeurs et les 18 kilomètres de bretelles routières qui composent le «Complexe Turcot», dans le sud-ouest de Montréal, ne vont pas s'améliorer. Cette année, quatre des grandes bretelles de l'échangeur Turcot ont dû être rétrécies de deux à une voie de circulation, pendant plusieurs mois consécutifs, pour renforcer leurs structures rongées par la rouille et le sel. L'an prochain, il y en aura une cinquième.

Depuis des mois, les automobilistes qui empruntent l'autoroute Décarie Sud doivent traverser un long chantier qui confine la circulation à une seule voie en direction du pont Champlain. L'an prochain, ce sera l'inverse. Les usagers qui proviennent du pont Champlain seront, à leur tour, ralentis par la fermeture d'une voie de circulation sur deux, en direction de l'autoroute Décarie, pour permettre la réalisation de travaux de renforcement majeurs, qui vont durer une bonne partie de l'année.

Le rapport d'inspection de cette bretelle majeure, entre l'échangeur De La Vérendrye et l'autoroute Décarie, permet de comprendre rapidement pourquoi ces travaux ont été jugés nécessaires. Sous les voies de circulation, le délaminage du béton s'étend sur de très grandes surfaces du hourdis inférieur, au point d'«affecter de façon très importante sa capacité».

Des fissures de cisaillement d'une largeur de plus d'un millimètre courent sur toute la surface de certaines poutres verticales, situées sous la dalle de béton des voies routières.

Aux extrémités des chevêtres, qui soutiennent les caissons surélevés de l'échangeur, la «fissuration importante», verticale et horizontale, nécessite le «renforcement de tous les chevêtres», et oblige les responsables à réaliser des inspections de suivi sur ces éléments tous les six mois.

Les mêmes dommages sont constatés sur toutes les bretelles de l'échangeur Turcot. La construction du nouvel échangeur, qui sera érigé en grande partie sur de hauts remblais, juste à côté des structures routières actuelles, doit durer jusqu'en 2017. Le coût du nouvel échangeur est estimé, pour le moment, à 3 milliards.