L'Agence métropolitaine de transport (AMT) prépare des projets totalisant plus de 500 millions pour accroître le trafic des trains dans le vieux tunnel ferroviaire du mont Royal, lequel ne répond à aucune des normes les plus élémentaires en matière de sécurité incendie.

Le président de l'AMT, Joël Gauthier, a affirmé que l'Agence prévoit investir 200 millions pour augmenter la capacité d'accueil de ce tunnel qui appartient au Canadien National (CN), et dont la mise en service remonte à 1918.

Ces projets, dont la nature et l'objectif restent à déterminer, s'ajoutent aux coûts de déviation de la ligne Blainville-Saint-Jérôme (130 millions) et au projet de construire une gare souterraine dans le tunnel, à environ 70 mètres de profondeur, pour desservir l'Université de Montréal.

«On est au-delà de 200 millions, juste pour la station», a dit M. Gauthier la semaine dernière, en marge de la publication du nouveau plan stratégique Vision 2020.

Malgré plusieurs appels et courriels de La Presse depuis une semaine, il n'a pas été possible d'en savoir plus sur la nature des projets prévus dans le tunnel du mont Royal, d'ici à 2020, pour accroître le trafic des trains de banlieue.

Depuis plusieurs semaines, les enjeux de sécurité liés à ce tunnel ont suscité nombre de questions aux parlements de Québec et Ottawa ainsi qu'au conseil municipal de Montréal. Long de 4,8 kilomètres, ce vieux tunnel n'a aucune sortie de secours et n'est équipé d'aucun dispositif pour éteindre un incendie.

Malgré les assurances de l'AMT qui répète que «le tunnel est sécuritaire», le maire de Montréal, Gérald Tremblay, a reconnu lundi, lors d'une séance publique, qu'en matière de sécurité, «il y a du travail à faire par l'AMT, par le gouvernement du Québec et par le conseil municipal».

À l'Assemblée nationale, mardi, le député péquiste de Gouin, Nicolas Girard, a demandé au ministre des Transports du Québec, Pierre Moreau, de «déposer un avis écrit du Service des incendies de la Ville de Montréal sur la sécurité du tunnel du mont Royal».

«La sécurité des passagers est assurée», a déclaré le ministre.

Grands projets

Malgré le caractère archaïque de cette infrastructure, l'AMT nourrit de grands projets pour le tunnel du mont Royal.

Une seule ligne de train de banlieue électrifiée, celle de Deux-Montagnes, utilise actuellement ce passage entre la Gare centrale et Mont-Royal.

Environ 30 000 passagers le traversent chaque jour dans les 48 trains qui font la navette entre les Basses-Laurentides et le centre-ville de Montréal.

En 2013, la mise en service du train de l'Est, entre Mascouche et Montréal, fera grimper la circulation à 60 trains par jour, tandis que le nombre de passagers quotidiens passera à plus de 40 000.

À plus long terme, l'AMT souhaite aussi faire passer les trains de la ligne Blainville-Saint-Jérôme, en construisant «une liaison ferroviaire entre la gare Parc et le tunnel Mont-Royal, jusqu'à la Gare centrale». La circulation passerait alors à près de 75 trains et à plus de 50 000 usagers par jour dans ce tunnel vieux de 93 ans.

L'AMT a aussi inscrit à son plan stratégique le projet de la gare Édouard-Montpetit. Cette gare serait construite sous la station actuelle de métro du même nom, à 70 mètres de profondeur, et donnerait accès aux trois lignes de train de banlieue passant dans le tunnel.

À l'époque, ce projet était estimé à 120 millions. Le président de l'agence provinciale affirme qu'il dépasserait aujourd'hui les 200 millions.