L'AMT affirme qu'elle étudie la possibilité d'aménager une «colonne humide» dans le tunnel du mont Royal, pour intervenir plus efficacement en cas d'incendie, et d'y faire installer une ventilation mécanique afin d'évacuer la fumée.

Selon une porte-parole de l'agence gouvernementale, Brigitte Léonard, ces mesures sont envisagées à «moyen terme» pour améliorer la sécurité de ce tunnel dépourvu de tout système de protection contre les incendies, et qui pourrait accueillir jusqu'à trois lignes de trains de banlieue, selon des projets présentés par l'AMT.

Mme Léonard a toutefois indiqué que l'aménagement d'une source d'eau et d'une ventilation mécanique, dans cet ouvrage construit il y a près de 100 ans, n'est encore qu'à l'état de projet. Ces travaux devraient de plus être réalisés à l'intérieur du programme «Réno-tunnel», qui est doté d'une enveloppe de seulement 15 millions sur trois ans, et qui n'a pas encore été approuvé par Québec. Le plan d'immobilisations de l'AMT ne fait aucune mention de ces projets.

La faisabilité d'une ventilation mécanique, à l'intérieur de cette enveloppe budgétaire, reste toutefois à démontrer, dans la mesure où le tunnel est situé à des dizaines de mètres sous la surface. La distance entre la voie ferrée et la surface atteint 150 mètres, par endroits.

La porte-parole a par ailleurs ajouté qu'une série de mesures seront mises en place dès le début de 2012 en vertu d'un plan d'action présenté vendredi par l'AMT aux membres d'un comité directeur sur lequel siègent, notamment, des représentants des services d'incendie et de police de la Ville de Montréal et du Canadien National (CN), qui est propriétaire du tunnel.

Selon Mme Léonard, du personnel de sécurité formé prendra place à bord de chacun des trains, dans le tunnel. Des affiches expliquant les procédures de sécurité seront placardées dans les voitures de passagers. Un cahier de procédures en cas d'urgence sera aussi mis au point, et l'AMT prévoit mettre à niveau les installations actuelles de signalisation et de télécommunications.

Des documents de l'AMT indiquant que le projet d'amélioration des télécommunications dans le tunnel coûtera à lui seul plus de 4 millions.

Normes du National Fire Protection Association pour les tunnels ferroviaires pour passagers (NFPA-130)

ISSUES DE SECOURS

Les tunnels doivent être munis d'issues de secours distantes les unes des autres d'au plus 762 mètres. Ces issues doivent permettre aux passagers de quitter les lieux par un tunnel piétonnier parallèle, à l'abri des flammes et de la fumée.

VENTILATION MÉCANIQUE

Les tunnels de plus de 305 mètres doivent être munis d'un système de ventilation mécanique, capable d'extraire la fumée à tous les 150 mètres. La ventilation doit devenir pleinement fonctionnelle 180 secondes après le début d'un incendie.

PROTECTION CONTRE LES INCENDIES

Un système complet de lutte contre les incendies doit équiper tous les tunnels ferroviaires pour passagers. Les conduites d'eau, munies de valves à tous les 244 mètres, doivent être alimentées par deux sources fiables, branchées par exemple au réseau d'eau municipal. Sinon, des bornes-fontaines, des réservoirs d'eau et des pompes doivent jalonner le parcours du tunnel.

SITUATION ACTUELLE

Tunnel du mont Royal

AUCUNE ISSUE DE SECOURS

Le tunnel du mont Royal a une longueur de 4,8 km. Par conséquent, il devrait être muni d'au moins 5 issues de secours. Il n'y en a aucune. C'est comme si on entassait 1000 personnes dans une salle de cinéma sans sortie de secours...

AUCUNE VENTILATION MÉCANIQUE

Il n'y a aucun système de ventilation mécanique dans le tunnel du mont Royal. On y trouve seulement un puits d'aération vertical, taillé dans le roc, et fermé par des grilles.

AUCUNE SOURCE D'EAU

Il n'y a aucune canalisation dans le tunnel du mont Royal, aucune conduite d'eau, aucune borne-fontaine, pompe ou valve. On y trouve seulement 12 extincteurs chimiques. «Quelques-uns des extincteurs se retrouvent au sol et il est incertain si ces derniers sont inspectés ou vérifiés sur une base régulière ou s'ils sont même opérationnels», indique le rapport Hatch Mott MacDonald remis à l'AMT en 2007.