La Communauté métropolitaine de Montréal a des « devoirs à faire », a affirmé hier Helen Fotopoulos, qui préside la consultation au sujet du Plan métropolitain d'aménagement et de développement (PMAD).

C'est le premier signe qu'il pourrait y avoir des changements dans ce projet ambitieux qui veut encadrer le développement dans la région de 3,6 millions d'habitants au cours des 20 prochaines années.

Pendant deux jours, élus et hauts fonctionnaires de la couronne nord de Montréal ont livré un feu nourri de critiques à l'égard du PMAD et sa proposition d'interdire pendant au moins cinq ans tout nouvel empiètement dans la zone agricole.

Et ce n'est pas tant le secteur résidentiel que l'industrie qui va souffrir, ont affirmé de nombreux intervenants, lors de la septième  journée de consultation hier à Boisbriand.

« Le PMAD vient contrecarrer à peu près tout ce qui se fait chez nous », a dit Joffrey Bouchard, directeur général du Centre local de développement de la MRC de l'Assomption.

Il a rappelé la fermeture annoncée de l'usine Electrolux, qui déménage à Memphis sur un terrain de plus de 300 hectares, alors que la Ville de l'Assomption n'a plus de terrain industriel à lui offrir. « S'il y a un abandon de l'ambition d'attirer la grande entreprise manufacturière dans la région, pourquoi ne pas le dire clairement ? », a dit M. Bouchard.

« Tout un pan de la réflexion préalable a été escamoté, a dit Marc Lauzon, préfet de la MRC de Deux-Montagnes et maire de la ville du même nom. On constate que la CMM se désindustrialise. Pourquoi accepter ce fait sans proposer de stratégie ? »

« On commence à mieux vous connaître et c'est très édifiant et pédagogique, a dit Mme Fotopoulos au terme de la deuxième séance de consultations sur la couronne nord. On commence à mieux comprendre et il est à peu près temps. On comprend aussi le contexte international avec l'exemple d'Electrolux. »

« Nous avons quelques devoirs à faire pour que ce plan métropolitain puisse rallier tout le monde », a-t-elle poursuivi.

Plusieurs ont aussi soulevé le besoin d'améliorer les transports collectifs à contresens de l'heure de pointe. Ils ont invoqué le principe d'une région « multicentrique » où les emplois et les institutions d'enseignement sont de plus en plus répartis dans les banlieues.

Sur le plan du logement, certains ont souligné que le bungalow n'est plus roi et maître en banlieue, où les tours d'habitations se multiplient. Mais d'autres ont critiqué le PMAD parce qu'il signifiait que « les jeunes ménages vont devoir oublier leur rêve d'une résidence unifamiliale ».

À ce sujet, Alexandre Turgeon, de l'organisme Vivre en Ville, s'est attaqué aux idées reçues. « Si on dit que 70 % des jeunes familles veulent des unifamiliales, c'est qu'on ne leur a rien offert d'autre depuis 60 ans », a-t-il dit, citant en exemple des nouveaux quartiers en Europe qui attirent les jeunes familles.

« Personne ne va être perdant si on réussit à mieux développer notre territoire et à ne pas s'éparpiller de plus en plus loin et d'être de plus en plus dépendant de l'automobile », a-t-il dit.