Le Canadien se défend d'être antisyndical, bien qu'il ait cédé la gestion de ses boutiques de souvenirs deux semaines après que les employés de la boutique du Centre Bell eurent décidé de se syndiquer.

Le porte-parole Donald Beauchamp affirme que l'organisation compte 1200 employés, dont plus de 90% sont syndiqués, notamment les joueurs. «Nous complétons une réorganisation déjà commencée avec notre dizaine de kiosques de souvenirs (NDLR: en 2006). Il s'agit d'un meilleur modèle de gestion», dit-il, sans vouloir expliquer pourquoi.

La cession des deux boutiques souvenirs a eu lieu le 8 septembre. Le cédant est la firme Aréna des Canadiens, de la famille Molson, et le nouvel employeur est la firme ITT personnel.

Les employés de la boutique du Centre Bell ont signifié leur requête en accréditation syndicale le 24 août à la Commission des relations du travail (CRT). Le syndicat IATSE, affilié à la FTQ, avait obtenu la signature de la majorité des 19 employés de la boutique.

Selon le Code du travail, une telle majorité permet la reconnaissance du syndicat sans la tenue d'un vote. Toutefois, le nouveau gérant du commerce, ITT, entend plaider le troisième alinéa de l'article 45 du Code pour ne pas reconnaître le syndicat, lit-on dans une lettre de l'avocat d'ITT que La Presse a obtenue.

Motifs antisyndicaux?

Le Canadien a-t-il cédé ses boutiques pour des motifs antisyndicaux? «C'est assez évident. J'en suis persuadé à 100%. À plusieurs reprises, des représentants de l'employeur ont indiqué qu'ils allaient vendre la boutique si jamais le syndicat y entrait. La menace était constante», soutient le vice-président de la section locale 262 de l'IATSE, Sylvain Bisaillon.

ITT est codétenue par la firme Thomson Tremblay. Cette agence de placement de personnel fait l'objet d'une enquête de la GRC en raison des pratiques douteuses de son propriétaire, Frank Bertucci. Selon M. Bisaillon, des employés de Thomson Tremblay ont commencé à travailler à la boutique dans les derniers jours au détriment d'employés syndiqués. Cette semaine, le syndicat envisage d'exercer des moyens de pression durant les matchs des Glorieux.

La Commission des relations du travail entendra les parties le 14 octobre. Le syndicat y soutiendra que la cession des activités à ITT a été faite dans le but d'entraver la formation d'un syndicat. Le cas échéant, la CRT pourrait contraindre ITT à reconnaître le syndicat.

En 2006, la gestion des kiosques de souvenirs avait aussi été confiée à un tiers quelques semaines après que les employés eurent déclenché la grève pour maintenir leurs conditions de travail.