Des entreprises de l'Ontario récupéreraient près des deux tiers des pertes de production qui affligeraient le secteur manufacturier au Québec, en cas d'une fermeture complète et prolongée du pont Champlain.

Selon les simulations réalisées par le McMaster Institute, les entreprises de la région de Montréal pourraient essuyer des pertes pouvant s'élever jusqu'à 594 millions par année. Dans ce même scénario, le reste de la province encaisserait aussi des pertes estimées annuellement à 147 millions.

Le pont Champlain, note l'étude qu'a obtenue La Presse, n'est pas seulement le plus fréquenté des ponts de la Rive-Sud, avec un débit quotidien moyen de 145 000 véhicules. Il est aussi le mieux situé pour absorber le trafic commercial en provenance des États-Unis. La valeur des marchandises qui transitent chaque année par le pont Champlain est estimée à 20 milliards.

Pour cette raison, parmi bien d'autres, les auteurs de cette étude d'impact pensent que la fermeture du pont Champlain et la congestion qu'elle causerait, dans la région de Montréal, inciteraient des entreprises à déménager leur production vers des environnements plus favorables.

Ces transferts de production avantageraient surtout l'Ontario, qui pourrait récupérer jusqu'à 63% des pertes manufacturières estimées pour l'ensemble du Québec en cas de fermeture prolongée du pont Champlain. La province voisine enregistrait des gains de 467 millions, tandis que le Québec subirait des pertes de 740 millions.

La Colombie-Britannique (64 millions) et l'Alberta (61 millions) seraient les autres régions du Canada qui seraient les plus avantagées par les ennuis du secteur manufacturier de la région de Montréal.

Après la publication des rapports Delcan, qui soulevaient la possibilité d'un effondrement partiel du pont Champlain, et la publication d'une étude de préfaisabilité qui a conclu en juillet dernier que la construction d'un nouveau pont était souhaitable, cette étude, remise aux autorités fédérales il y a huit mois, risque d'ajouter du poids aux revendications du Québec qui réclame un engagement clair du gouvernement fédéral pour le remplacement de ce pont depuis le début de 2011.

En campagne électorale, le printemps dernier, tous les partis politiques se sont engagés à lancer le processus de remplacement du pont Champlain, sauf le Parti conservateur du premier ministre Stephen Harper.

Depuis les élections, son gouvernement s'est cantonné à assurer que le pont actuel est sécuritaire, et que des budgets appropriés ont été votés pour en prolonger la vie utile d'au moins 10 ans. À ce jour, le gouvernement Harper n'a toutefois montré aucun signe qu'il pourrait lancer ce chantier de 10 ans, dont les coûts sont sommairement estimés entre 2 et 5 milliards.

- Avec William Leclerc