Malgré l'achèvement des travaux les plus urgents, le pont Honoré-Mercier continue de se dégrader rapidement et a besoin d'autres réfections urgentes pour freiner la corrosion, révèlent les rapports rendus publics hier par le ministre des Transports, Pierre Moreau.

Le ministre a finalement dévoilé hier matin le contenu des rapports d'inspection du pont rédigés depuis 2007.

Rappelons que les observations des ingénieurs avaient mené à la fermeture de l'ouvrage le 14 juin dernier pour des travaux urgents. Il a été rouvert partiellement le 6 septembre.

Le Ministère a souligné dans une séance d'information technique qu'il se garde toujours une confortable marge de sécurité lorsqu'il évalue la fiabilité d'une structure, et que l'effondrement n'était pas imminent lors de la fermeture en juin.

La dernière inspection menée par la firme Dessau a toutefois révélé une dégradation sérieuse, comprenant beaucoup de corrosion avec perte de matériau, perforations, déformations et défauts de matériau «affectant la capacité de façon importante».

Le rapport, signé par l'ingénieur Bruno Parent, fait état de dommages aux chasse-route «représentant un danger très important pour les usagers», de défoncements des trottoirs dont certains présentent un «danger très important», et de dommages en plusieurs endroits de la surface de roulement «affectant le contrôle d'un véhicule de façon importante».

«Ce n'était pas soudain ou une surprise. Nous avons un pont construit dans les années 30, donc il faut surveiller l'évolution de la corrosion», a expliqué la sous-ministre adjointe Anne-Marie Leclerc.

Les travaux les plus urgents ont été réalisés pour permettre une réouverture partielle, mais il reste fort à faire.

Une lettre de la firme Dessau au Ministère, datée du 5 septembre, souligne que la peinture du pont n'offre plus une protection adéquate et que «l'état de la structure se détériore rapidement».

«Par conséquent, il est primordial de débuter immédiatement le processus d'octroi d'un contrat de protection des surfaces d'acier afin d'arrêter ce processus de dégradation», précise la lettre.

Le Ministère affirme que ces travaux seront mis en branle le plus tôt possible et que les entrepreneurs qui travaillent déjà sur le pont pourront s'en charger.

«Ce qu'il faut retenir de cet exercice, c'est que les priorités d'intervention établies dans les rapports d'inspection ont été intégrées aux contrats de réfection du pont amont qui étaient déjà en cours», a souligné le ministre.

Pas question pour le moment de prévoir le remplacement du pont Mercier par une nouvelle structure. «Avec un pont en acier, on peut remplacer des morceaux par du matériel neuf et avoir une toute nouvelle section, c'est comme un jeu de meccano», a affirmé M. Moreau.

Le Ministère a par ailleurs annoncé la publication prochaine sur son site internet de tous les nouveaux rapports d'inspection, ainsi que d'informations sur l'état des ponts et routes.

M. Moreau invite toutefois les gens à la prudence dans la lecture de ces rapports. Par exemple, des fissures impressionnantes à un certain endroit peuvent souvent représenter un danger moindre qu'une minuscule fissure dans un point névralgique de l'ouvrage.