Le collège Dawson a souligné mardi le cinquième anniversaire de la fusillade qui a coûté la vie à Anastasia De Sousa en offrant un «jardin de paix» à ses élèves ainsi qu'à tous les Montréalais. Quelques centaines de personnes s'y sont recueillies lors d'une cérémonie émouvante qui a rassemblé les héros et les victimes de cette tragédie. Au premier rang se trouvaient les membres de la famille De Sousa, vêtus de rose, la couleur favorite d'Anastasia. Les premiers policiers à arriver sur les lieux, des victimes, d'anciens élèves et des professeurs y étaient également.

Le jardin est aménagé en forme de huit, le symbole mathématique de l'infini. L'«arbre d'Anastasia», offert par la police de Montréal lors du premier anniversaire de la fusillade, se dresse au centre du jardin. Mardi, il était décoré de rubans roses et blancs. Le responsable du Jardin pour la paix, l'enseignant Chris Adam, a expliqué que les fleurs qui avaient été déposées devant le collège au lendemain de la tuerie avaient servi de compost pour nourrir la terre où pousse l'arbre d'Anastasia.

«Ce que vous nous avez donné il y a cinq ans continue de fleurir aujourd'hui, a-t-il affirmé. Le jardinage est un acte d'amour. Le jardin symbolise la vie, l'espoir et la renaissance.»

Nelson et Louise de Sousa ont été touchés de voir le jardin prendre forme.

«C'est un beau geste, un beau symbole. Un jardin, ça donne de la place à tout le monde. N'importe qui pourra venir, que ce soit pour penser ou pour avoir une minute», a affirmé Louise De Sousa après la cérémonie.

«Ça va permettre aux gens de se déconnecter d'un monde qui est très complexe», a ajouté Nelson De Sousa.

Rencontre avec M. Harper

Plusieurs voix se sont élevées, mardi, pour demander au gouvernement conservateur de maintenir le registre des armes à feu.

Nelson et Louise De Sousa n'ont pas voulu «parler de politique» mais, il y a quelques jours, ils se sont dits insultés par le fait que le premier ministre Steven Harper ait toujours refusé de les rencontrer pour parler du contrôle des armes à feu.

Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, a déclaré qu'il tenterait de faire adopter à l'unanimité une motion à la prochaine réunion du conseil municipal pour demander à M. Harper de rencontrer les De Sousa.

«Je pense qu'avec tout le courage et le respect que vous avez démontrés à travers cette épreuve très difficile vous devriez au moins avoir l'opportunité de rencontrer le premier ministre du Canada», a-t-il affirmé dans un discours.

Le syndicat des élèves de Dawson a également demandé une rencontre avec le premier ministre.

Rappelons que, un mois et demi après la fusillade, une délégation composée d'employés de Dawson, de victimes et de leurs proches s'était rendue à Ottawa pour parler à Stephen Harper. Un rendez-vous avait même été fixé, mais le premier ministre n'avait finalement pas pu se présenter. Depuis, les parents d'Anastasia De Sousa ne sont jamais parvenus à le rencontrer. Lors des dernières élections fédérales, où les conservateurs ont obtenu un gouvernement majoritaire, l'une des promesses du parti était d'abolir le registre des armes d'épaule.

«En supprimant le registre des armes d'épaule, le gouvernement du Canada compromet la sécurité des Canadiens», a déclaré la présidente du syndicat des élèves de Dawson, Audrey Deveault. «Le premier ministre doit discuter avec les communautés touchées par la violence par armes à feu. Nous croyons qu'il y a des façons de rendre le registre des armes à feu fonctionnel pour tous les Canadiens. Nous espérons que notre premier ministre acceptera d'entendre nos idées. Nous espérons qu'il va prendre le temps de rencontrer la jeunesse de son pays.»