Les coûts de surveillance de l'échangeur Turcot ont gonflé de 30% en 2011, selon un document obtenu par le Parti québécois en vertu de la Loi sur l'accès à l'information. Le député critique en transports, Nicolas Girard, craint que cette hausse cache la découverte de problèmes importants sur la solidité de la structure et réclame la publication de tous les rapports d'inspection d'ici jeudi, ce à quoi se refuse le nouveau ministre.

En mars dernier, le contrat de 15 millions accordé au consortium SNC-Lavalin/Cima +/Dessau pour surveiller l'échangeur a été majoré de 4,5 millions, selon ce document obtenu par l'opposition officielle. «Qu'est-ce qui justifie cette augmentation? Quels éléments ont été découverts par les ingénieurs sur l'échangeur Turcot? Le MTQ a toutes les informations en main, mais le public ignore le contenu des rapports et des analyses», déplore Nicolas Girard.

Au lendemain de l'effondrement de paralumes dans le tunnel de l'autoroute Ville-Marie, l'ancien ministre des Transports, Sam Hamad, a maintes fois assuré que les études sur Turcot seraient rendues publiques à l'automne, engagement qu'il a réitéré la semaine dernière lors de sa dernière sortie publique. Son remplaçant, Pierre Moreau, s'est lui aussi engagé à instaurer une culture de la transparence au MTQ.

Ultimatum du PQ

Nicolas Girard met maintenant le nouveau ministre au défi de passer de la parole aux actes en les rendant publics d'ici 48 heures. «S'il veut changer la culture au MTQ, il doit passer à l'action aujourd'hui.»

Pierre Moreau assure que la hausse des coûts ne révèle en rien l'état de la structure. «L'échangeur Turcot est en fin de vie et on doit le maintenir dans un état sécuritaire jusqu'à ce que le nouvel échangeur soit prêt. Il faut nous assurer que les 290 000 automobilistes qui empruntent chaque jour le fassent en toute sécurité. [...] Lorsque les ingénieurs du Ministère nous disent qu'on doit continuer à surveiller, on dégage des sommes parce qu'il y a un prix pour assurer la sécurité des gens et on ne fera pas des économies là-dessus. » Le nouveau ministre des Transports ajoute que Turcot est actuellement la « structure la plus surveillée au Québec».

Quant à l'ultimatum du PQ, Pierre Moreau refuse de s'y plier, promettant néanmoins de rendre publics les rapports d'inspection «dans les prochains jours», probablement la semaine prochaine. Il dit d'abord vouloir en prendre connaissance, lui qui est en poste depuis moins d'une semaine. «Le jour où je vais les rendre publics, vous allez me demander de les commenter. Je serais mal avisé de vous dire que je ne les ai pas lus.»

Début septembre, le MTQ a d'ailleurs refusé une demande de La Presse faite en vertu de la Loi sur l'accès à l'information pour obtenir ces rapports, invoquant notamment une clause sur les secrets industriels permettant d'en empêcher la publication.

Nicolas Girard juge «inacceptable de faire ça au compte-gouttes et selon l'humeur ou le calendrier du ministère des Transports. [...] Il y a clairement une crise de confiance entre la population québécoise et le ministère des Transports, et le gouvernement Charest, parce qu'on joue à la cachette sur l'état de nos infrastructures routières à Montréal. Il faut y mettre fin maintenant». Le PQ compte profiter de la reprise des travaux parlementaires mardi pour accentuer la pression.

Avec William Leclerc