Un vendredi soir du mois d'août dernier, Luz Gargue attendait l'autobus à Châteauguay. Elle avait à la main un gâteau maison qu'elle devait porter à sa soeur, à Montréal. La dame de 56 ans, d'origine philippine, a dû être distraite: elle avait complètement oublié que le pont Mercier était en partie fermé à cette heure. Avec tous les travaux, dit-elle, on en perd son latin. Résultat, elle a dû attendre trois heures pour que rouvre la voie en direction de Montréal et que son autobus arrive.

«Je me suis sentie prisonnière, prise à cet arrêt d'autobus. Je me suis mise à pleurer. Tout ça pour un gâteau!» Luz Gargue n'a pas de voiture. Quand elle a acheté sa maison à Châteauguay, il y a quatre ans, elle s'est réjouie de la présence d'un arrêt d'autobus non loin. Elle croyait que le service vers Montréal serait efficace et rapide. Elle a déchanté depuis. «En temps normal, le service d'autobus n'est pas formidable. Mais avec les travaux sur le pont Mercier, c'est terrible, pour être franche. L'horaire est chambardé, les gens sont fatigués d'attendre de longues minutes et les chauffeurs sont souvent impolis.»

Pour aller à son travail, à Montréal, Mme Gargue doit prendre un autobus qui met parfois une heure à atteindre la station de métro Angrignon. Avec les travaux, c'est souvent pire. Les utilisateurs des transports en commun de cette région sont en quelque sorte prisonniers du pont Mercier, qui n'a pas de voie réservée. Le pont Champlain, lui, est beaucoup plus loin et n'est pas une option pour Luz Gargue. «Je suis un peu découragée. Je ne peux pas déménager. J'espère que le service va s'améliorer», dit-elle.