Bruit, vitres cassées, graffitis, appels au 911... L'arrondissement de Saint-Michel et les policiers de la Ville éprouvent des ennuis avec deux édifices abandonnés situés en bordure de l'autoroute 40. Les bâtisses d'une douzaine d'étages sont devenues des refuges pour squatteurs.

Un homme qui travaille tout près du 3637 et du 3737, boulevard Crémazie Est raconte qu'il a déjà vu des gens marcher sur le toit d'un des deux édifices et qu'il entend souvent de la musique à très haut volume. «Il y a de beaux parties... C'est comme des raves avec un DJ. Ça commence tard le soir et ça se termine tôt le matin», affirme l'homme, qui préfère taire son identité.

L'arrondissement est au courant de la situation et tente depuis des mois d'y remédier. En plus, des jeunes qui entrent par effraction dans les bâtisses et du laisser-aller des propriétaires, la mairesse Anie Samson craint que la sécurité des passants soit menacée par les échafaudages installés depuis plus de trois ans autour du 3637, boulevard Crémazie Est. Une des toiles recouvrant trois des quatre côtés de l'édifice s'est d'ailleurs détachée des échafaudages au printemps dernier avant de se retrouver sur l'autoroute Métropolitaine. Une partie des voies de l'autoroute avaient dû être fermées à la circulation.

L'arrondissement peine toutefois à joindre les propriétaires pour qu'ils se plient à la réglementation municipale. «On leur a demandé de solidifier leur structure. Des échafaudages, c'est censé être installé de façon temporaire. Ils nous ont dit qu'il y avait eu un changement de propriétaire, mais comme rien n'a été fait, on leur a donné des pénalités», raconte Mme Samson. Mais comme l'entreprise MC Properties a contesté ces avis d'infraction, l'arrondissement a décidé d'entamer des procédures judiciaires. Les deux parties attendent de se retrouver devant un juge depuis un an.

MC Properties, qui possédait les deux édifices devenus squats, s'est débarrassée, l'automne dernier, du 3737, boulevard Crémazie Est. L'arrondissement confirme que les plans de réaménagement ont été autorisés et les nouveaux propriétaires ont assuré à La Presse que des travaux de transformation seraient entamés cette semaine. Mais en attendant, les squatteurs peuvent toujours entrer facilement dans l'édifice.

Le Service de police de la Ville de Montréal confirme que des agents doivent souvent intervenir aux deux adresses. Les policiers se contentent de faire fuir les squatteurs. «Même si on intercepte ces gens-là, il faut trouver un plaignant et il faut ensuite prouver qu'il y avait une intention criminelle. Ce n'est pas simple à prouver et ce n'est pas toujours évident de joindre le propriétaire», explique l'agent Daniel Lacoursière, porte-parole du SPVM.

MC Properties connaît le problème

Zbigniew Skrzpek, employé de la voirie de Saint-Michel, voit souvent des voitures de police devant l'entrée de l'un ou l'autre des édifices. Il sait que des squatteurs y entrent illégalement. «De jour en jour, il manque toujours plus de vitres», raconte celui qui travaille tout juste entre les deux édifices.

Suzanne Bertrand, directrice de MC Properties, affirme que ses patrons n'ont pas abandonné l'idée de rénover l'immeuble du 3637, boulevard Crémazie Est. Selon elle, son entreprise apporte des modifications aux plans qui ont été proposés, mais refusés par la Ville. En attendant les rénovations, des chiens de garde se promènent dorénavant dans l'édifice, l'électricité a été coupée et le rez-de-chaussée de l'immeuble, barricadé. Mais rien n'y fait, raconte-t-elle. Encore la semaine dernière, les policiers ont dû intervenir pour faire fuir des gens qui étaient entrés malgré les moyens mis de l'avant pour leur faire rebrousser chemin.