Les partisans du remplacement du pont Champlain peuvent compter sur l'appui des députés néo-démocrates.

En entrevue à La Presse, hier, le député de Vaudreuil-Soulanges, Jamie Nicholls, nommé adjoint d'Olivia Chow, porte-parole de l'opposition officielle en matière de transports, a déclaré «vouloir faire un peu de lumière sur la position réelle du gouvernement Harper» quant à l'avenir du pont.

Alors que Montréal se remet à peine d'un printemps d'enfer en matière de circulation (fermeture du pont Mercier, chantiers au pont Champlain ou dans l'échangeur Turcot), les nouveaux élus se divisent les dossiers et tissent des alliances. Des rencontres sont notamment prévues avec la Coalition Champlain en chantier, qui souhaitait obtenir avant le 23 juin un engagement du gouvernement fédéral et un échéancier pour le remplacement du pont.

Or, le gouvernement Harper se borne à souligner les efforts qu'il a consentis pour l'entretien du pont et à invoquer les études terminées en avril sur l'avenir de l'ouvrage.

«Nous favorisons le remplacement du pont Champlain, dit Jamie Nicholls, et nous serons derrière tous les organismes qui veulent le début des travaux le plus rapidement possible. Il n'y a pas de temps à perdre. Le pont Champlain ne va pas tomber dans le fleuve demain; il va durer le temps qu'on construise un nouveau pont. Mais quand même, on insiste pour que le gouvernement fédéral soit clair avec le gouvernement du Québec sur le fait qu'on va construire un nouveau pont.»

D'Istanbul à Vaudreuil

Diplômé en arts visuels, Jamie Nicholls a enseigné pendant cinq ans à Istanbul avant de rentrer au Canada pour faire une maîtrise en architecture du paysage à l'Université de Colombie-Britannique. Il pratiquait son métier depuis trois ans au Québec quand les électeurs de Vaudreuil-Soulanges l'ont choisi comme député fédéral, le 2 mai dernier.

Son parcours et son expertise lui ont valu d'être nommé vice-président du comité des Communes sur les transports, l'infrastructure et les collectivités. Il est aussi l'adjoint de la critique de l'opposition officielle en la matière, Olivia Chow.

C'est à ce titre que l'une des premières questions qu'il a posées à la Chambre des communes, adressée au ministre des Transports, de l'Infrastructure et des Collectivités, Denis Lebel, portait sur les ponts Mercier et Champlain.

«Le nouveau député fédéral du NPD, a répondu le ministre Lebel, devrait savoir qu'investir 680 millions dans les ponts de Montréal (NDLR: dont 600 millions pour l'autoroute 30), cela se fait avec un plan et avec des gens qui ont fait des études, et c'est investir au bon endroit, comme on le fait toujours.»

«C'était la période des questions, commente M. Nicolls. Pas celle des réponses.»

Cette attitude évasive des élus conservateurs, qui ne répondent jamais vraiment aux questions sur l'avenir du pont Champlain, inquiète le député de Vaudreuil-Soulanges. La région de Montréal, souligne-t-il, n'a pas voté pour les conservateurs, en mai dernier.

L'exemple du pont Champlain est typique, selon lui, des nombreuses infrastructures qui ont périclité faute de sommes suffisantes pour les entretenir. Les coûts de leur réparation ou de leur reconstruction prématurée prennent tout à coup une dimension énorme. Le déficit d'entretien de l'ensemble des infrastructures (municipales, transports, etc.) totaliserait 150 milliards de dollars à l'échelle du pays, selon le député.

«On a sous-investi, historiquement, dans l'entretien des infrastructures, parce que ce n'est pas rentable politiquement. C'est plus facile d'en bâtir de nouvelles. On ne peut pas faire de photos avec des programmes d'entretien.»

Et ce sous-investissement, ajoute-t-il, commence à se faire sentir partout au Canada, comme à Montréal, avec le pont Champlain.

«On dit: «C'est de l'usure, c'est normal.» Non, ce n'est pas normal! Il faut qu'on change de voie en matière d'infra- structures et qu'on commence à prendre ça au sérieux, sinon, dans 50 ans, les mêmes questions vont se poser.»