Tourisme Montréal n'a pas jeté l'éponge dans le dossier Nascar, mais l'organisme estime que ses promoteurs auront une dernière chance de refaire leurs devoirs lors de l'épreuve du 20 août, au circuit Gilles-Villeneuve.

«Personne ne souhaite la disparition de la course Nascar,» a affirmé d'emblée le vice-président de Tourisme Montréal, Pierre Bellerose, au lendemain du refus de la ministre du Tourisme, Nicole Ménard, d'allouer l'aide financière de 500 000 $ réclamée par Octane Management, promoteur de l'événement.

Une porte-parole du bureau de Mme Ménard a justifié cette décision par le fait que le promoteur n'avait pas «démontré de façon satisfaisante» au gouvernement du Québec qu'il serait rentable pour lui d'investir dans l'événement.

Ce refus entraînera sans aucun doute une réponse similaire d'Ottawa, Octane Management réclamant en tout un million de dollars pour l'aider à éponger un déficit anticipé de 1,6 million.

M. Bellerose estime que la formulation de ce refus démontre que celui-ci est davantage lié à l'absence de données objectives qu'à une absence réelle de retombées pour le gouvernement et que les promoteurs auraient donc intérêt à suivre l'exemple des autres grands événements subventionnés.

«Le travail qu'ils doivent faire à la prochaine édition, c'est de faire un sondage qui permettrait (...) de bien vérifier d'où les spectateurs viennent, s'ils viennent spécifiquement pour le Nascar, où ils couchent - dans les grands hôtels ou chez des parents et amis,» fait-il valoir. «Ça permet à tout le monde de s'entendre sur les retombées. Après ça, ils peuvent discuter beaucoup plus intelligemment avec leurs partenaires gouvernementaux.»

Ces données, recueillies selon les règles de l'art, permettraient de déterminer avec une certaine précision les retombées réelles de la course pour l'économie locale, mais aussi pour les gouvernements eux-mêmes au chapitre des recettes fiscales.

«Nous sommes capables de faire des estimations, explique M. Bellerose, mais pour y arriver il nous faut connaître la provenance des spectateurs, le nombre de jours et s'ils viennent spécifiquement pour l'événement, quoique, dans le cas du Nascar, il est assez clair que ce soit le cas.»

Pour lui, même si l'existence de retombées est évidente, ceux qui administrent les fonds publics doivent avoir une idée précise de leur ampleur car ils seront sans doute appelés à justifier leur décision.

Il fait valoir, par exemple, que le Festival international de jazz de Montréal a embauché une firme durant quelques années pour compter systématiquement les festivaliers aux différentes entrées du site. C'est ce qui lui a permis de déterminer que deux millions de personnes y assistent bon an mal an.

Or, les organisateurs de la course sont dans une position privilégiée pour réaliser une telle étude, selon M. Bellerose, qui les presse de procéder au même exercice: «Vous les avez vos touristes, vous avez vos consommateurs sur place, sur votre site. Ce n'est pas compliqué de leur demander, de faire un bon sondage. Ils sont sur place durant quelques heures. D'en prendre 2000 sur 70 000, puis de poser des questions et s'assurer qu'on a un bon profil.»

Les retombées de l'événement n'ont jamais été évaluées de façon indépendante, mais Tourisme Montréal et l'Association des hôtels du Grand Montréal ont déjà établi que la visibilité médiatique de l'événement représente à elle seule 13 millions.

L'épreuve de Montréal est diffusée sur la chaîne spécialisée américaine ESPN et elle est la plus écoutée de la série Nationwide aux États-Unis.

Les promoteurs de la course, pour leur part, ont déjà avancé que les retombées économiques de l'événement s'élevaient à 25 millions.

À défaut d'une aide publique, l'épreuve du mois d'août pourrait être la dernière sur l'île Notre-Dame. Une telle éventualité pourrait aussi mettre un terme aux espoirs de voir un jour une épreuve de la Sprint Cup, la série reine du Nascar, sur le circuit Gilles-Villeneuve.