Le ministère des Transports du Québec (MTQ) n'avait pas besoin de cela. Le seul pont qui relie Montréal à la banlieue sud-ouest n'a plus que deux voies. Et il y a un trou dans l'une d'elles.

Vendredi matin, alors que, des deux structures du pont Mercier, la seule encore praticable était ouverte en direction de Montréal, le MTQ a dû intervenir d'urgence et recouvrir d'une plaque d'acier un trou apparu subitement dans la dalle de béton de la chaussée.

La circulation a pu reprendre «normalement» en début d'après-midi, en direction de la Rive-Sud cette fois. Mais la nuit dernière, une seule voie était ouverte sur le pont aval pendant que l'on réparait la dalle de béton. Ce sera encore le cas jusqu'à 9h ce matin.

Pendant que le MTQ procédait à ces réparations d'urgence, la société fédérale des ponts Jacques-Cartier et Champlain installait son chantier du week-end, prévu de longue date, sur le pont Champlain, si bien que, depuis minuit vendredi, ce pont n'a qu'une seule voie en direction de la Rive-Sud et deux vers Montréal. Il en sera ainsi jusqu'à lundi matin.

«Sceptiques»

La nuit dernière, il ne restait donc que deux étroites voies de circulation à travers des chantiers, dans chaque direction, pour réunir tout l'ouest de la Rive-Sud et de la Montérégie à sa métropole.

«Près de 500 000 personnes, sur la Rive-Sud, sont prises en otages par cette crise», ont dénoncé vendredi les mairesses de Longueuil et de Châteauguay, Caroline St-Hilaire et Nathalie Simon, dans une lettre ouverte adressée à La Presse en fin de journée.

Les deux élues se montrent sceptiques devant les paroles rassurantes de Québec et d'Ottawa «sur le bon état des ponts Mercier et Champlain»: «Alors que des travaux majeurs sont réalisés depuis deux ans sur le pont Mercier, on découvre soudainement que son soutènement est menacé. C'est comme si l'on réparait le toit d'une maison en ignorant que les murs croulent.»

Mmes St-Hilaire et Simon craignent aussi que la circulation déviée du pont Mercier vers le pont Champlain - en particulier les véhicules lourds - ait des impacts sur les structures du pont Champlain, qui montre aussi d'inquiétants signes de faiblesse depuis de nombreuses années.

«Nous devons absolument être partie prenante aux décisions qui ont des impacts sur nos communautés», plaident-elles en réclamant la mise en place d'une table de concertation avec Ottawa et Québec. «Nous voulons être en mesure de travailler en collaboration avec les acteurs concernés afin d'agir plutôt que de réagir sans se retrouver toujours prises au piège.»

Jeudi, l'ensemble du milieu municipal de la région métropolitaine a aussi réclamé la création d'un forum d'échanges avec les administrations municipales, afin de mieux gérer une crise naissante qui pourrait durer tout l'été et de rétablir des conditions acceptables pour le transport des personnes et des marchandises.

Gestion chaotique

«On a l'impression qu'il n'y a pas de coordination. C'est un peu chaotique comme gestion», a pour sa part déclaré vendredi la vice-présidente de la Fédération canadienne des entreprises indépendantes, Martine Hébert, dans une entrevue à La Presse Canadienne.

Depuis que le ministère des Transports du Québec a été forcé de fermer la structure amont du pont Mercier, mardi soir, les conditions de circulation ont atteint un nouveau sommet de confusion.

Le milieu des affaires ressent déjà les impacts de la fermeture partielle de ce pont, généralement utilisé par plus de 80 000 véhicules, en moyenne, chaque jour.

«À un certain moment, il faudra que quelqu'un assume la responsabilité de coordination et prenne les mesures qui s'imposent», a déclaré Mme Hébert, responsable de la section québécoise de cet organisme pancanadien qui représente les PME.