C'est parce que l'état du pont Mercier était bien pire que celui évalué à l'origine que les coûts du contrat accordé à la firme Mohawks Bridge Consortium ont plus que doublé, passant de 9 à 20 millions de dollars, a soutenu hier le ministre des Transports, Sam Hamad.

Dans une note transmise au bureau du sous-ministre des Transports, Michel Boivin, les fonctionnaires du Ministère relèvent la gravité de la situation constatée sur le pont et préconisent une intervention bien plus importante que prévu à l'origine. «Compte tenu de l'état actuel de la structure d'acier du pont, il est critique d'intervenir sur certaines membrures qui n'apparaissaient pas en mauvaise condition lors de l'attribution du contrat de base», relève la note rédigée par Duy Phan, ingénieur à Transports Québec.

On constate dans les autorisations de dépassement de budget que «la quantité de pièces détériorées de la structure en acier a doublé par rapport au nombre d'interventions requises au moment de l'attribution du contrat».

«Ce qu'on a fait était nécessaire pour assurer la sécurité de l'ouvrage», a expliqué le ministre Sam Hamad. La veille, le député péquiste Nicolas Girard avait relevé l'explosion des coûts pour ce chantier, une augmentation de 130% que n'avait pu alors expliquer M. Hamad.

C'est aussi pour la sécurité qu'on interdit depuis plusieurs mois aux camions d'emprunter le pont Mercier en direction sud. On a évalué que les parapets n'étaient pas suffisants pour résister à une collision. Il a fallu ajouter des glissières de béton, ce qui a réduit la capacité portante du pont. Hier, M. Hamad a soutenu que les choses allaient revenir à la normale, «le plus tôt possible», sans fixer d'échéancier toutefois.

Le Conseil provincial des métiers de la construction avait attaché le grelot l'an dernier aux problèmes survenus dans la construction de la phase A, dans la réserve mohawk, un mandat attribué «sans appel d'offres ni application de la loi qui garantit les compétences des travailleurs», a dit Donald Fortin, président du Conseil.

«Personne ne pouvait vérifier quoi que ce soit sur ce chantier», a déploré le syndicaliste. Pour la phase B, l'entrepreneur Pomerleau a eu le mandat, mais il doit embaucher prioritairement des travailleurs mohawks, en vertu d'une entente de 1932. Le Conseil a une soixantaine de travailleurs syndiqués autochtones susceptibles d'y travailler. Mais l'entrepreneur mohawk se fait tirer l'oreille. «Le problème, c'est qu'il y a deux clans dans la réserve, ceux qui ont fait la phase A veulent faire la seconde dans les mêmes conditions», observe M. Fortin.

Le conseil de bande et le gouvernement du Québec sont en discussions constantes avec le groupe des «récalcitrants». Pomerleau attend que les choses se clarifient. «Ils ne veulent pas que cela devienne un champ de bataille», résume le syndicaliste.