La Ville de Montréal et son service de police ont accueilli «favorablement» le rapport sur le profilage racial publié hier par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ).

«Même si la plupart des recommandations relèvent de la responsabilité du gouvernement du Québec, la Ville de Montréal assure son entière collaboration pour la mise en oeuvre des mesures proposées», a déclaré Jocelyn Ann Campbell, responsable du développement social et communautaire au comité exécutif.

La position du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) à l'égard du profilage racial a sensiblement changé depuis l'arrivée du nouveau chef, Marc Parent, en septembre. M. Parent «reconnaît» le problème du profilage racial, bien qu'il estime qu'il n'est pas «généralisé» parmi ses troupes.

Hier, M. Parent s'est dit d'accord avec la «grande majorité» des recommandations de la CDPDJ. Il a rappelé les efforts que le SPVM a faits depuis 2003 en matière de reconnaissance et de formation sur le profilage racial. Il a également souligné que son administration a déjà modifié la mission d'Éclipse, une escouade antigang critiquée pour ses interpellations injustifiées.

Le directeur s'est dit disposé à discuter de la question des délais dans le traitement des plaintes pour profilage racial. La CDPDJ a déjà accusé la Ville d'utiliser toutes sortes de moyens juridiques pour retarder le processus. Par ailleurs, M. Parent n'est pas opposé à la création d'un Bureau des enquêtes spéciales pour enquêter sur les interventions policières fatales.

Le directeur a toutefois exprimé son «malaise» envers la recommandation sur la collecte des données. La CDPDJ a proposé aux services de police de recueillir systématiquement des données sur l'appartenance ethnique présumée des individus interpellés pour mieux documenter et prévenir le profilage racial. «Je me questionne sur le cadre législatif et sur le sentiment de confiance qui pourrait être affecté», a-t-il dit.

Les deux partis de l'opposition à l'hôtel de ville de Montréal ont accueilli favorablement le rapport de la CDPDJ, mais chacun en a profité pour interpeller l'administration Tremblay.

Réal Ménard, porte-parole en matière de sécurité publique pour le parti de Louise Harel, a demandé la mutation de Pierre-Yves Boisvert, avocat de la Ville qui s'occupe de plusieurs dossiers de profilage racial.

Le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, s'en est pris aux critères d'embauche de la Ville de Montréal. En 2007, seulement 11% des fonctionnaires municipaux étaient issus de minorités ethniques, a-t-il déploré. «Et ça n'a pas changé aujourd'hui.»

Le gouvernement avare de commentaires

Tant au gouvernement du Québec que du côté de l'opposition officielle, on souhaite analyser les recommandations de la Commission avant de se prononcer.

Interrogé lors d'un point de presse à Québec, le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil, s'est dit d'accord pour que l'on donne une meilleure formation aux policiers. Il est cependant resté muet sur l'idée d'interdire le profilage racial dans la Loi de police et sur la création d'un Bureau des enquêtes spéciales. Le cabinet du ministre de la Justice n'a pas voulu commenter l'idée d'interdire le profilage racial dans la Charte des droits et libertés de la personne.