L'Unité permanente anticorruption (UPAC) est dans les locaux de la Ville de Montréal depuis hier pour faire la lumière sur cette histoire d'espionnage qui a secoué l'administration municipale.

Selon nos informations, des enquêteurs de l'UPAC y interrogent les diverses personnes liées à cette affaire. Ils tentent de dresser le portrait des événements ayant mené à l'ouverture des courriels du vérificateur général de la Ville, Jacques Bergeron, et du président du conseil municipal, Claude Dauphin.

Ces gestes, menés sous la direction du contrôleur Pierre Reid, ont été critiqués par le ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard. L'administration de la Ville avait justifié les enquêtes de Pierre Reid par des allégations d'irrégularités entourant la gestion de MM. Bergeron et Dauphin.

Selon nos informations, les enquêteurs de l'UPAC ont rencontré plusieurs cadres et fonctionnaires hier et aujourd'hui. Les rencontres pourraient se poursuivre demain, si besoin est. Aucune perquisition n'a été effectuée, nous dit-on.

La porte-parole de l'UPAC, Nathalie Pitre, a confirmé la présence de l'UPAC à la Ville, mais n'a pas voulu nous dire combien d'enquêteurs sont présents, ni les personnes qui sont rencontrées. «Nous remplissons le mandat qui nous a été confié à la mi-avril», dit-elle.

À la Ville, le porte-parole Gonzalo Nunez confirme la présence des enquêteurs qui agissent «dans le cadre de l'enquête annoncée par le ministère des Affaires municipales».

«La Ville collabore entièrement à cette enquête, dit-il. Puisque nos livres sont ouverts, la Ville donne accès aux enquêteurs à tous les documents pertinents et permet que les enquêteurs rencontrent toutes les personnes nécessaires».

Selon M. Nunez, cette situation n'affecte pas les opérations courantes de la Ville.

Rappelons que Jacques Bergeron et Claude Dauphin ont poursuivi la Ville pour atteinte illégale à leur vie privée et espionnage illégal. Claude Dauphin a quitté son poste le 13 avril, tandis que Jacques Bergeron occupe toujours ses fonctions.

Du côté de Projet Montréal, le conseiller Alex Norris, porte-parole en matière de gouvernance, s'est dit «très content» de l'arrivée des enquêteurs à l'hôtel de ville. «Nous espérons cependant que l'enquête portera aussi sur les nombreux autres scandales qui ont entaché la réputation de l'administration de Montréal : l'affaire des compteurs d'eau, les ventes de terrain à rabais par la SHDM, l'affaire TELUS, dit le conseiller du parti de la deuxième opposition. Nous souhaitons que les résultats soient connus du public le plus rapidement possible.»

L'enquête de l'UPAC ne remplace par l'enquête publique plus large réclamée depuis deux ans, précise M. Norris. «Les deux peuvent se faire en même temps. Il faut continuer à mettre de la pression sur M. Charest pour qu'il tienne une enquête publique.»

-Avec la collaboration de Karim Benessaieh