La Société de transport de Montréal (STM) a proposé hier à Québec un plan de services pour déplacer 15 000 passagers par jour sur des lignes d'autobus rapides, afin de réduire le trafic automobile pendant les travaux de construction de l'échangeur Turcot, dans le sud-ouest de la métropole.

Le président de la STM, Michel Labrecque, a affirmé à La Presse que les mesures prévues pourraient être déployées «dans un délai de huit mois à un an», après une approbation du gouvernement du Québec.

Dès le printemps 2012, alors que les chantiers seront en cours, mais bien avant qu'ils atteignent un sommet d'intensité, vers 2014, la STM propose de créer un faisceau de lignes ou de parcours express, pour contourner la congestion qui risque d'affecter tout l'ouest de l'île durant sept longues années.

Faire vite

Le président de la STM a insisté sur l'importance d'implanter les services d'autobus rapidement afin que ceux-ci soient déjà connus et rodés lorsque l'évolution des travaux rendra la circulation plus difficile et les services de transports alternatifs, plus attrayants.

La mise en place de ces mesures nécessiterait l'acquisition de 40 nouveaux bus et des changements importants dans le partage de la voie publique pour que les autobus puissent circuler sans entrave.

Le coût de leur implantation n'a pas encore été précisé, mais à lui seul, l'achat de 40 autobus neufs coûterait environ 20 millions.

À plus court terme, a indiqué M. Labrecque, la STM ne pourra pas mettre en place de mesures efficaces pour réduire la congestion causée par la fermeture récente d'une voie dans l'échangeur. Il n'y a pas d'autobus disponibles.

Selon lui, le parc de 1700 véhicules de la STM est déjà sollicité au maximum pendant les périodes de pointe pour fournir les services réguliers à l'ensemble des usagers de la métropole.

Depuis lundi, des files d'attente de plusieurs kilomètres de long se forment quotidiennement entre l'échangeur Turcot et le centre-ville de Montréal pendant l'heure de pointe de l'après-midi. La découverte de fissures dans le béton d'une bretelle surélevée, qui relie le centre-ville à l'autoroute 20 en direction ouest, a forcé Transports Québec à réduire la circulation à une seule voie, au lieu de deux.

La congestion qui en résulte permet d'imaginer les impacts que les grands chantiers à venir pourraient avoir sur le réseau autoroutier de la métropole.

Dix kilomètres en chantier

Près de 300 000 véhicules empruntent chaque jour les bretelles de l'échangeur Turcot, qui relie entre elles les autoroutes A15, A20 et A720, au sud-ouest de Montréal. L'échangeur arrive en fin de vie utile et doit être reconstruit.

Les travaux, dont le coût a été estimé à 3 milliards, vont durer sept ans. En plus des 13 bretelles de l'échangeur, le MTQ projette la reconstruction complète de 10 kilomètres d'autoroutes parmi les plus achalandées de la métropole.

Dans l'axe est-ouest, les autoroutes 20 et 720 seront déplacées sur une distance d'environ sept kilomètres, entre le tunnel Ville-Marie, aux portes du centre-ville, et l'échangeur Montréal-Ouest.

Dans l'axe nord-sud, le projet prévoit la reconstruction complète de l'A15, sur trois kilomètres de voies autoroutières, entre l'autoroute Décarie et le boulevard de La Vérendrye.

Lors de la présentation officielle du projet en novembre dernier, le ministre des Transports du Québec, Sam Hamad, a invité la STM à lui proposer des moyens pour «limiter les impacts des travaux sur les usagers et les résidants».

Le ministre avait alors soulevé la possibilité de créer des voies réservées aux autobus dans des couloirs parallèles à l'autoroute 20, dans les rues Notre-Dame et Saint-Patrick.

Circuits à déterminer

M. Labrecque n'a pas voulu préciser où vont circuler les circuits d'autobus proposés. La création des voies réservées aux autobus sur le réseau municipal a souvent des répercussions, comme la réduction de voies de circulation pour les automobilistes et l'élimination d'espaces de stationnement sur les grandes artères. Les changements devront être négociés avec chacun des arrondissements concernés.

Il estime toutefois que l'efficacité des mesures proposées par la STM dépendra en grande partie de la disponibilité des voies réservées aux autobus afin d'offrir une fréquence de services élevée aux usagers et assurer des déplacements rapides vers les stations de métro et les gares de trains de banlieue, qui donnent accès au centre-ville.