Y a-t-il des micros cachés à la mairie de Montréal, comme le soupçonne l'opposition? La Ville le nie, mais il est impossible de le confirmer puisque depuis 2008, les policiers de Montréal ne sont plus appelés par l'hôtel de ville pour détecter d'éventuels micros dans ses bureaux, a appris La Presse. L'opposition s'inquiète et y voit même un hasard «troublant» alors que l'administration Tremblay est secouée par diverses affaires d'espionnage.

Dans ce climat de méfiance, l'opposition se demande si l'on ne veut pas éviter que les policiers tombent sur des dispositifs clandestins qui auraient pu être cachés à l'insu des fonctionnaires et des élus.

«C'est troublant, très troublant, que cette mission de balayage électronique ait cessé à la même époque où ont commencé les opérations d'espionnage de l'équipe de Pierre Reid», commente Alex Norris, conseiller de Projet Montréal.

Chez Vision Montréal, Louise Harel dit souhaiter que ces vérifications soient «reprises au plus tôt».

Selon des informations obtenues de bonne source par La Presse, le SPVM effectuait une fois par an, jusqu'en 2008, une vaste opération de recherche de micros cachés (balayage électronique) dans les bureaux de l'hôtel de ville. Les techniciens de la branche de la surveillance arrivaient le vendredi soir avec un appareillage sophistiqué pour faire leur travail, une fois les bureaux désertés, et ne s'en allaient que lorsque tout l'édifice avait été passé au crible. Depuis, tout aurait été interrompu.

Le service de police n'a pas souhaité commenter. «Le SPVM n'infirmera jamais ou ne confirmera jamais ces faits, comme toute stratégie d'enquête», indique le porte-parole Ian Lafrenière.

La Ville nie tout

Ces révélations inquiètent l'opposition officielle.

D'autant plus que dans un courriel envoyé vendredi dernier à La Presse, un porte-parole de la Ville de Montréal dit ignorer l'existence de telles opérations de contre-espionnage en niant de plus, sans que La Presse l'ait jamais évoqué, avoir caché des micros.

«Les services municipaux de la Ville n'ont pas installé de microphones cachés à quelconque endroit à l'intérieur de l'hôtel de ville, donc il ne se fait pas d'opération de "balayage électronique". De plus, l'officier de sécurité en poste à l'hôtel de ville confirme qu'il n'a jamais constaté la présence de microphones cachés à l'hôtel de ville et qu'il n'a jamais eu connaissance que quelqu'un soit venu vérifier la présence de micros cachés dans le bâtiment», écrit-on à La Presse.

Dans une lettre adressée le 22 mars à Gérald Tremblay, le ministre Laurent Lessard rappelle que la «confidentialité des communications des élus est nécessaire au bon fonctionnement des institutions politiques démocratiques». Il demandait dans cette même missive que le maire l'informe des mesures adoptées par la Ville pour protéger cette confidentialité.

Doutes et paranoïa

En mars dernier, à la suite des révélations de La Presse sur l'espionnage du vérificateur général, Projet Montréal avait demandé à la SQ que son service chargé des écoutes électroniques vienne faire la chasse aux micros cachés dans ses bureaux. Mais la SQ avait demandé à Projet Montréal de plutôt s'adresser au SPVM.

Cet épisode du vérificateur ne venait qu'accentuer les doutes et le sentiment de paranoïa qui hantent depuis des mois les couloirs et bureaux de l'hôtel de ville. Au point où les membres de l'équipe Bergeron préfère ntéchanger des informations à l'extérieur ou dans des autos plutôt que dans leurs bureaux. Ils utilisent aussi leur ligne téléphonique personnelle. Le parti songe même à implanter un système téléphonique et informatique parallèle et faire appel à une entreprise privée, indépendante de la Ville, pour «nettoyer» ses bureaux. Selon nos sources, seule une firme au Québec posséderait l'expertise et surtout le matériel plutôt coûteux pour réaliser correctement ce travail de balayage.

En 2010, le balayage électronique faisait partie des services que le SPVM avait décidé de commercialiser pour renflouer ses caisses.