Les heures de pointe de fin d'après-midi vont être longues et compliquées pour les mois à venir, en direction de l'ouest de l'île de Montréal, en raison de pépins majeurs constatés au cours des derniers jours dans les structures de l'échangeur Turcot.

Une bretelle surélevée reliant l'autoroute Ville-Marie (A-720) à l'autoroute 20 Ouest est rétrécie à une seule voie de circulation depuis samedi, et va rester ainsi au moins jusqu'aux vacances d'été, afin de procéder à des travaux urgents pour solidifier la structure.

Selon le ministère des Transports du Québec, des ingénieurs chargés de surveiller, d'inspecter et d'entretenir l'échangeur Turcot ont constaté récemment «certains dommages à la structure» de cette bretelle routière, et notamment des fissures dans le béton de l'ouvrage.

Un porte-parole du MTQ, Mario St-Pierre, a affirmé que «les performances du béton n'étaient pas à la hauteur des attentes» des ingénieurs du consortium SNC/Cima+/Dessau, qui veille sur la santé de cet échangeur décrépit.

Les travaux d'analyse et d'inspection se poursuivent pendant que, sur la bretelle 720/20, les véhicules circulent sur une seule voie balisée au centre de la structure, au lieu des deux voies habituelles.

Cette fermeture partielle, a précisé le MTQ, «pourrait durer, au minimum, quelques mois». Combien de mois? Impossible à prévoir. La nature des travaux nécessaires n'a pas été déterminée, dit M. St-Pierre, et aucun contrat n'a encore été attribué pour les réaliser.

«On ne l'a pas choisi, l'état de l'infrastructure est ainsi, a dit lundi le ministre Sam Hamad, en point de presse. Pour ça, malheureusement, on est obligés de bloquer la circulation sur une partie de l'échangeur, à cause de l'état de l'infrastructure, et par mesure de sécurité.

«Nous avons pris cette décision-là dans l'intérêt des citoyens, a insisté M. Hamad. Nous sommes conscients que cela va causer des inconvénients pour les automobilistes, mais nous allons mettre des mesures en place pour minimiser les impacts.»

Des discussions seraient déjà en cours entre le Ministère et la Société de transport de Montréal pour améliorer la desserte en autobus entre le centre-ville et les secteurs situés à l'ouest de l'échangeur.

La longueur des files d'attente et la durée des temps de déplacement au cours de cette période d'entraves devraient, par ailleurs, servir d'indicateurs aux années de misère qui attendent encore les automobilistes lors des chantiers de reconstruction de l'échangeur Turcot et de l'autoroute Ville-Marie, prévus par le MTQ d'ici 2018.

Un échangeur fatigué

Inauguré en 1967, l'échangeur Turcot est le plus gros carrefour autoroutier de la métropole. Près de 300 000 véhicules traversent chaque jour l'une ou l'autre de ses 13 bretelles en béton qui relient entre elles les autoroutes A-15, A-20 et A 720, dans le sud-ouest de Montréal. Et selon des données du MTQ, plus de 40% de ses usagers l'utilisent durant les périodes de pointe du matin et du soir.

L'échangeur est en fin de vie utile. Depuis plusieurs années, ses piliers et ses travées surélevées sont recouverts de filets d'acier pour empêcher les éclats de béton de tomber sur les véhicules et sur les gens qui circulent sous les structures.

La nuit dernière, en plus de la bretelle 720/20, trois autres des bretelles de cet échangeur étaient complètement fermées à la circulation jusqu'à 5h ce matin, dans le cadre de divers travaux de réfection.

La «bretelle 720/20» est utilisée chaque jour par des dizaines de milliers d'automobilistes qui roulent vers l'ouest de l'île, par l'autoroute 20, en provenance du centre-ville de Montréal. Par conséquent, il s'agit d'un des axes de circulation privilégié des banlieusards de la région de Vaudreuil-Dorion ou des résidents des municipalités et arrondissements de l'ouest ou du sud-ouest de l'île de Montréal, en fin d'après-midi.

La bretelle rétrécie se trouve aussi sur le tracé de la principale route entre l'aéroport international Trudeau, à Dorval, et le centre-ville de Montréal.

Sa fermeture partielle entraînera donc des embouteillages importants, qui devraient s'étirer «en amont de l'échangeur», selon le ministère des Transports.

L'effet de reflux dans la circulation de pointe de l'après-midi, sur l'autoroute 720, pourrait se faire sentir sur des kilomètres de distance, jusqu'aux portes du centre-ville.

Lundi après-midi, dès 15h45, les bulletins de circulation à la radio annonçaient déjà que la file d'attente s'étirait sur deux kilomètres entre le centre-ville et l'échangeur.

En plus de retarder les déplacements vers l'ouest de l'île, la congestion de l'autoroute Ville-Marie touche aussi les automobilistes qui proviennent du centre-ville et qui empruntent l'A-720 pour se rendre jusqu'à l'A-15 Nord, en direction de la Métropolitaine et de Laval, ou l'A-15 Sud, qui mène vers le pont Champlain et la Rive-Sud.

Le MTQ a invité les automobilistes à modifier leurs tracés, à changer leurs heures de déplacement, si possible, ou à utiliser les transports collectifs ou le covoiturage, pendant les prochains mois, afin de réduire la congestion.

- Avec la collaboration de Catherine Handfield