La grogne s'installe chez les élus du parti du maire Gérald Tremblay.

Après deux ans de controverses qui ont culminé avec le scandale de l'espionnage, la tension est si palpable que le président du caucus d'Union Montréal, Bernard Blanchet, a fait une tournée téléphonique mercredi soir auprès d'élus mécontents. Selon ce qu'a appris La Presse, on a notamment voulu s'assurer qu'on pourrait compter sur leur appui en cas de vote important. Il suffirait de cinq défections pour qu'Union Montréal, qui détient 37 sièges contre 27 à l'opposition, se retrouve en difficulté.

Il s'agissait de la deuxième tournée du genre en quelques jours: en début de semaine, des conseillers ont reçu un appel pour s'assurer qu'ils voteraient pour la suspension du président du conseil, Claude Dauphin. Le leader d'Union Montréal, Claude Trudel, a reconnu mardi devant le conseil qu'on avait fait «un appel à la solidarité du caucus», mais a nié qu'on avait menacé les élus de représailles, comme le prétendait l'opposition.

Ces conseillers, dont le mécontentement est qualifié de «discret» et qui ont reçu le coup de fil de leur président mercredi, seraient notamment Luis Miranda, Sammy Forcillo, Dominique Perry et Frank Venneri. Beaucoup d'autres «ont le moral à terre», a confié un élu montréalais influent cette semaine. De tous les conseillers joints, un seul a accepté de commenter la situation à visière levée, M. Venneri, élu de l'arrondissement de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension.

«Je suis solidaire... après une bonne discussion, a précisé M. Venneri. Actuellement, je ne vois pas la raison (de quitter le parti). Je vous pose la question: est-ce que vous trouvez qu'il y en a un meilleur que M. Tremblay pour diriger Montréal?»

Il reconnaît qu'une certaine «grogne» s'est installée au sein du parti du maire, mais la qualifie de «normale». «C'est le troisième mandat d'un parti politique à la Ville de Montréal. Ce sont des choses normales qui arrivent dans une bonne famille. Il faut les gérer chaque fois. Au troisième mandat, il y a un peu de fatigue chez les élus, chez les dirigeants.»

Le vétéran de la politique montréalaise - il a servi depuis 1986 sous les ordres de Jean Doré, Pierre Bourque et Gérald Tremblay - estime toutefois sans fondement les rumeurs de défection. «Je peux vous dire une chose, c'est très prématuré de dire qu'il y a des gens, qui que ce soit, qui ont des idées de quitter le parti, et de partir un parti politique à ce moment-ci.»

Appels à la démission du maire

Les deux chefs de l'opposition à l'hôtel de ville ont par ailleurs officiellement demandé la démission du maire Tremblay hier. Après 10 ans à la mairie, Gérald Tremblay «a donné tout ce qu'il avait à donner aux Montréalais» et doit s'en aller, a fait valoir le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron. «Cette comédie loufoque a assez duré. Avec ce qu'on a vu ces derniers jours, la preuve est désormais faite que M. Tremblay est en perte de contrôle totale, il est dans le déni complet.»

La chef de l'opposition officielle, Louise Harel, a renchéri, estimant que Gérald Tremblay avait perdu la confiance des Montréalais. «Sa crédibilité est minée par les nombreux scandales qui éclaboussent son administration. Le maire doit sérieusement s'interroger sur sa capacité de présider les destinées de la métropole pendant encore deux ans et demi.»

Le chef de Projet Montréal a relancé sa demande de démission hier matin dans l'enceinte du conseil municipal, qui siège pour la troisième journée cette semaine. Le maire Gérald Tremblay a répliqué par un non retentissant. «J'exerce mon leadership. Vous pouvez poser la question 22 000 fois, ma réponse, c'est non.»