Avec une dette accumulée de plus de 800 000$, le parti Vision Montréal, dirigé par Louise Harel, a des finances en piteux état. Au point où la vérification indépendante de ses états financiers 2010, dévoilés hier, soulève «un doute sur la capacité (du parti) à poursuivre ses activités».

Pour s'en sortir, le parti fondé par Pierre Bourque en 1994 devra engouffrer jusqu'au quart de ses revenus d'ici quatre ans dans le remboursement de sa dette. La bonne nouvelle, c'est que cette dernière a fondu de moitié depuis un an, alors qu'elle s'établissait à 1,7 million. «On est très fiers de notre bilan 2010, qui est beaucoup plus positif, et on espère éliminer la dette avant les prochaines élections», indique Soraya Martinez, directrice générale de Vision Montréal. Le parti est entré en campagne électorale en 2009 avec une dette qui s'élevait déjà à 350 000$, rappelle-t-elle, «et ça ne nous a pas empêchés d'aller jusqu'au bout». L'année 2010 a effectivement été profitable pour le parti de Louise Harel, se soldant par un surplus de 74 032$ sur des revenus de 615 780$. C'est au chapitre de la dette que le tableau s'assombrit, ce que l'auditeur indépendant associe à une «incertitude significative» dans son rapport. Il avait déjà fait le même constat pour l'année 2009. L'actif net de Vision Montréal - ce que vaut le parti, une fois les dettes soustraites de ses avoirs - est négatif de 814 858$.

Union Montréal et Projet Montréal

Des trois partis municipaux représentés à l'hôtel de ville de Montréal, c'est Union Montréal qui a les coffres les mieux garnis. En 2010, le parti du maire Gérald Tremblay a réussi le tour de force de rembourser presque intégralement son prêt de 800 000$ contracté en 2009 pour les élections générales. Avec des revenus de 1,2 million, il a terminé l'année avec un léger surplus de 15 824$. Son actif net est de 503 451$.

Du côté de Projet Montréal, on offre également le portrait d'un «parti qui va bien, qui s'est enrichi», résume le directeur général Patrick Cigana. La dette de 177 177$ de l'an dernier a pratiquement fondu des deux tiers, et s'établit maintenant à 67 488$. La valeur nette du parti est légèrement dans le rouge, avec un bilan négatif de 9084$. L'autre donnée importante, les résultats pour 2010, indique que le parti a reçu 27 216$ de plus que ce qu'il a dépensé.

Contributions

En 2010, c'est Vision Montréal qui a été champion des contributions. Dans la catégorie des dons de plus de 100$, le parti arrive largement en tête pour le nombre de donateurs - 602 - ainsi que pour la somme récoltée de 125 705$. Pour les plus petits dons de moins de 100$, c'est Projet Montréal qui mène la charge avec 339 dons, qui ont rapporté 13 461$. Quant à Union Montréal, on explique avoir limité les activités de financement dans l'attente des nouvelles règles qui seront appliquées à partir du 1er mai prochain.

Les subventions versées par la Ville en fonction des résultats électoraux représentent l'essentiel du financement des partis, soit 75% de leur budget.

Fait insolite, que se sont empressés de souligner ses deux rivaux, Projet Montréal est le seul parti à avoir accepté des dons anonymes - 3044$ - en 2010. «Les dons anonymes, c'est quand on passe le chapeau lors de nos activités de financement, ce sont essentiellement des dons de 5$ et 10$», explique Catherine Maurice, attachée de presse. Le parti de Richard Bergeron, qui avait fait de l'éthique son cheval de bataille en 2009, promet de respecter la loi et d'éliminer ces dons, qui deviendront interdits avec la nouvelle loi sur le financement des partis politiques.