Alors que la grogne des automobilistes montréalais atteint des sommets, Montréal a annoncé cet après-midi sa quatrième opération nids-de-poule de l'hiver. Ce «blitz» de 15 jours mobilisera jusqu'à 300 cols bleus, qui tenteront de redonner aux artères de la ville un air fréquentable.

«Il faut prendre le taureau par les cornes, dit Richard Deschamps, responsable de la voirie au comité exécutif. Nous nous attaquons aux problèmes, et nous  avons bon espoir de les régler à court terme.» La Ville dépensera trois millions cette année pour colmater quelque 50 000 nids-de-poule sur les artères, des statistiques qui ne tiennent pas compte du travail accompli par les arrondissements sur les rues secondaires.

Prudent, M. Deschamps ne veut pas qualifier l'état des rues montréalaises. Tout au plus admet-il qu'«il y a beaucoup de nids-de-poule» cette année et que l'hiver actuel est «différent» de l'an dernier. «On avait eu un hiver assez favorable, avec moins de gel et de dégel. Je me souviens avoir amorcé début mars une opération nid-de-poule parce que la température nous l'avait permis.»

Il défend toutefois la gestion de la Ville, rappelant que le phénomène est d'abord lié au climat. «Depuis les cinq dernières années, c'est près de 500 millions de dollars qui ont été investis afin de réhabiliter le réseau routier artériel. Il est en bon état dans la plupart des cas. Mais malheureusement, compte tenu des caprices de Dame nature, il peut parfois avoir de la difficulté à résister.»

L'art du nid-de-poule



Au CAA-Québec, on estime «hors de tout doute» que la saison actuelle du nid-de-poule est une des plus éprouvantes pour les automobilistes. Même si on ne dispose pas de statistiques précises, «il y a quelque chose là», estime Cédric Essiminy, relationniste. «Des jantes tordues, des pneus éclatés, beaucoup d'appels liés à des impacts: nos patrouilleurs nous en ont rapporté beaucoup. Toutes les conditions sont réunies pour la naissance et la prolifération des nids-de-poule.»

L'organisme a d'ailleurs publié un communiqué cet après-midi donnant de précieux conseils aux automobilistes sur une technique peu connue: l'art de minimiser les dégâts causés par ces trous dans la chaussée. «S'il est impossible de l'éviter sans causer un accident, il ne faut surtout pas freiner brusquement et rouler dans le trou, explique M. Essiminy. Il faut plutôt ralentir la voiture et relâcher les freins avant de laisser passer la roue dans le trou.»

De même, il s'insurge contre l'interprétation de la loi qui exonère le ministère des Transports et les municipalités de toute responsabilité depuis 1993. «La loi n'est pas si claire, on peut obtenir compensation si on démontre qu'il y a eu négligence», assure-t-il.

Selon Richard Deschamps, il serait impossible pour la Ville d'en faire plus tout en «respectant la capacité financière des contribuables». «Ça nous permet de faire un travail raisonnable. Lorsqu'on reconstruit des routes, nous faisons tout ce qu'il faut. Nos méthodes sont les bonnes mais on a un climat dont il faut tenir compte.»