Il ne manquait pas vraiment aux Montréalais, mais le sabot de Denver s'apprête à faire un retour après deux ans d'absence, a appris La Presse.

Le petit étau bien connu des automobilistes mauvais payeurs avait été remisé en février 2009. Alors aux prises avec la crise économique, Montréal cherchait des moyens d'épargner quelques sous. La Ville avait donc décidé de ne plus poser de sabots afin d'éviter de payer les huissiers que nécessite l'opération. Mais sans tambour ni trompette, elle a décidé de recommencer à l'utiliser sur les voitures de ceux qui ne paient pas leurs contraventions. La décision finale devrait être prise demain au conseil d'agglomération.

«La reprise de cette activité devrait se faire au cours des prochaines semaines», confirme Gonzalo Nuñez, porte-parole pour la Ville.

«Ce projet vise directement les défendeurs les plus récalcitrants et non pas les citoyens responsables qui s'acquittent de leurs obligations et de leurs amendes correctement», a-t-il précisé.

Au moins 450$ en frais

Les sabots de Denver seront posés avec parcimonie, précise le porte-parole. En 2008, 2487 véhicules ont été immobilisés même si beaucoup plus auraient pu l'être. Il s'agit avant tout d'une mesure dissuasive qui vise à envoyer un message aux automobilistes opiniâtres.

Les propriétaires de véhicules doivent payer jusqu'à 450$ en frais de toutes sortes quand un sabot est posé sur leur véhicule. Une fois à la fourrière, il leur en coûte 25$ pour chaque journée d'entreposage. Montréal précise que ces sommes ne lui reviennent pas toutes. Elle espère toutefois aller chercher 1 million de dollars par l'année avec l'opération «Sabot de Denver».

L'entreprise Remorquage Météor devrait obtenir sous peu le contrat pour remiser les véhicules saisis. Les voitures qui recevront un sabot seront remorquées dans une fourrière à l'angle de la rue Jarry et de la 8e Avenue. Le propriétaire devra s'y déplacer pour récupérer son bien, avant qu'il ne soit vendu aux enchères.

Avant d'être mis au rancart, le sabot de Denver était en perte de vitesse: en 2004, 5342 véhicules y avaient goûté, un chiffre qui avait fondu de plus de la moitié quatre ans plus tard. La Ville expliquait alors cette baisse par de nouvelles mesures à la Société d'assurance automobile du Québec qui, depuis 2004, révoque les permis des contrevenants récalcitrants.

Montréal avait mis fin à son programme en février 2009 en citant des raisons budgétaires. La cour municipale, qui embauche des huissiers pour percevoir les contraventions impayées, devait réduire ses dépenses de 1,5 million. Les huissiers contestaient alors les prétentions de la Ville, prétendant qu'elle perdrait davantage d'argent en remisant le sabot de Denver.