La Société de transport de Laval (STL) pourrait être privée de plusieurs millions de dollars de revenus par année si l'administration du maire Gilles Vaillancourt s'obstine à ne pas payer sa part des coûts d'exploitation du métro.

La taxe sur l'essence de 1,5 cent le litre entrée en vigueur le 1er mai dernier dans la région métropolitaine a rapporté 28 millions de dollars en 2010. Selon les règles de partage imposées par Québec dans un décret adopté le mois dernier, la part de la STL s'élève à 4 765 000$.

Le décret rend toutefois ce versement conditionnel au paiement par les municipalités de leur part des coûts d'exploitation du métro.

Il s'agit d'un rappel à l'ordre sans équivoque à l'endroit du maire de Laval, qui refuse depuis trois ans de verser sa pleine part des coûts de fonctionnement du métro parce que les citoyens de Laval paient plus cher pour y accéder que ceux de Longueuil.

Le conseil des ministres a adopté ce décret le 15 décembre, deux jours seulement après que le maire Vaillancourt eut annoncé que la municipalité allait retenir, encore cette année, 2 millions de dollars de sa quote-part du déficit du métro, «au nom de l'intégrité tarifaire». Laval doit déjà 4 millions de dollars à la Société de transport de Montréal (STM) depuis 2008.

Joint par La Presse hier, le ministre des Transports du Québec, Sam Hamad, a affirmé que le décret vise à assurer «l'équité entre toutes les municipalités et tous les usagers des transports en commun de la grande région métropolitaine».

Sans aborder le cas particulier de Laval, M. Hamad a rappelé que l'ensemble des villes de la région métropolitaine avaient entériné une entente sur le partage des coûts d'exploitation du métro en 2007.

Outre Laval, deux petites municipalités de la Montérégie, Léry et Saint-Mathias-sur-Richelieu, n'ont pas payé leur part du financement du métro.

Versements en fiducie

Malgré le décret gouvernemental, le maire de Laval n'a pas l'intention de lâcher prise. Il a déclaré hier à La Presse que la Ville de Laval examine la possibilité de mettre en fiducie les sommes dues à la STM afin de respecter ses engagements financiers.

Ces sommes ne seront toutefois versées à la STM que lorsque les tarifs du métro seront les mêmes à Longueuil et à Laval, en janvier 2012.

M. Vaillancourt estime que cette fiducie permettrait à la STL d'obtenir les sommes auxquelles elle aura droit en vertu des règles de partage prévues dans le décret gouvernemental.

Le maire soutient qu'il est inéquitable que des usagers du métro de Laval paient plus cher que les Longueuillois pour avoir accès au même réseau.

Dans les faits, la majorité des usagers de Longueuil paient le même tarif qu'à Laval. Un titre mensuel de transport TRAM 3 coûte 113$ à Longueuil comme à Laval et permet d'accéder au métro et au réseau local d'autobus.

Par contre, jusqu'en 2010, les usagers de Longueuil pouvaient accéder au métro avec un titre mensuel de la Société de transport de Montréal qui ne coûtait que 70$. Ce titre ne donnait pas accès au réseau d'autobus de la Rive-Sud, mais il était quand même utilisé chaque jour par environ 3000 usagers.

Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, et le président de la STM, Michel Labrecque, s'étaient engagés auprès du maire Vaillancourt, en février dernier, à mettre fin à ce «privilège tarifaire» dès juillet 2010. Dans une entente intervenue quelques mois plus tard, Montréal et Longueuil ont toutefois convenu d'étaler les hausses de tarifs sur 18 mois, jusqu'en janvier 2012.

Depuis le 1er janvier 2011, les usagers de Longueuil paient 82$ par mois pour accéder au métro.