Préoccupées par la tournure sanglante des manifestations contre le chômage en Tunisie, une centaine de personnes ont manifesté, dimanche, devant le consulat de Tunisie à Montréal. Ils exigent que le gouvernement Harper fasse pression sur le régime de Zine el-Abidine Ben Ali pour qu'un dialogue soit établi avec les représentants de la société civile.

«Nous demandons au gouvernement canadien de condamner les agissements et la violence que la machine répressive tunisienne a mise en marche contre son peuple», a déclaré Haroun Bouazzi, du Collectif de soutien aux luttes sociales du peuple tunisien, en marge de la contestation. «Ottawa doit rappeler au président Ben Ali ses obligations par rapport aux conventions internationales qui ont été cosignées avec le Canada, notamment la convention de Genève sur les droits de l'homme», a-t-il ajouté.

La révolte sociale sans précédent que connaît la Tunisie a dégénéré ce week-end en émeutes sanglantes, faisant 14 morts à Thala et Kasserine selon le gouvernement, et au moins 20 selon l'opposition. Le gouvernement a confirmé dimanche que les forces de l'ordre avaient fait usage de leurs armes dans un acte de «légitime défense».

La vague de manifestation a débuté à la mi-décembre dans le pays d'Afrique du Nord après qu'un vendeur ambulant sans permis se fut immolé pour protester contre la saisie de sa marchandise de fruits et légumes. Depuis, Mohamed Bouazizi, 26 ans, est devenu le symbole des contestations contre la précarité sociale et le chômage.

«C'est très difficile pour nous de voir ce qu'il se passe là-bas, j'ai passé une nuit blanche de samedi à dimanche alors qu'on apprenait le nom des victimes les unes après les autres», a soupiré M. Bouazzi, qui est originaire de la ville de Kasserine.

Depuis trois semaines, six manifestations ont été organisées devant le consulat de Tunisie, rue University au centre-ville. Des rassemblements ont également été organisés dimanche à Québec et à Ottawa.

«Le message que l'on veut lancer aux autorités tunisiennes c'est d'arrêter le carnage du peuple tunisien, a dit M. Bouazzi. Les valeurs pour lesquelles se battent les Tunisiens sont universelles et sont partagées par les Canadiens.»

Avec l'Agence France-Presse