Projet Montréal vient de perdre l'un de ses conseillers les plus influents: le maire d'Ahuntsic, Pierre Gagnier, a décidé de quitter la deuxième opposition et de siéger à titre d'indépendant.

M. Gagnier explique que la vie de parti ne lui a jamais tout à fait convenu. Maire d'un arrondissement qui compte des élus des trois formations, il croit qu'il pourra plus facilement gouverner sans être associé à l'une d'elles.

«Dans les partis politiques, il y a des contraintes, des agacements, explique M. Gagnier. Je veux avoir la voie libre pour proposer des solutions pour ceux que je représente sans être toujours obligé de suivre la ligne officielle.»

La maire d'Ahuntsic assure que son départ ne trahit pas un malaise au sein de Projet Montréal, pas plus qu'un désaveu de son chef, Richard Bergeron. Il a pris cette décision «dans un esprit positif», dit-il.

«Habituellement on s'est bien entendus dans l'arrondissement, mais il y a eu des petits problèmes récemment, révèle M. Gagnier. Certains disaient: «On sait bien pourquoi tu prends cette décision, t'es avec Projet...» Alors, j'ai décidé de devenir indépendant. Vous savez, j'ai 75 ans... Je veux rendre des comptes aux électeurs, pas à un parti.»

Pierre Gagnier était l'un des deux candidats de Projet Montréal à remporter une mairie d'arrondissement en novembre 2009. Le parti ne conserve plus que celle du Plateau-Mont-Royal, où Luc Ferrandez a été élu.

«C'est sûr que nous sommes déçus. C'est une mauvaise nouvelle, admet le directeur de cabinet de Projet Montréal, Joël Simard-Ménard. Mais pour l'instant, on comprend peu ses motifs. Il semble qu'il n'ait rien contre le parti ou son chef.»

La nouvelle a semblé prendre de court la formation. Le maire d'Ahuntsic explique qu'il a vu son chef pour la dernière fois «au party de Noël, comme on dit». Il l'a ensuite averti de sa décision le 24 décembre au matin, par téléphone.

«Il était très déçu, ça se comprend. Il m'a demandé pourquoi je ne l'avais pas averti plus tôt, dit M. Gagnier. Mais c'est une décision que j'ai mûrie et je pense que c'est la bonne.»

Il espère maintenant pouvoir mettre de l'avant ses idées sans devoir s'astreindre à la discipline de parti. Invité à les détailler davantage, M. Gagnier a jugé qu'il était trop tôt pour en dire plus.

Ce soubresaut politique ne change pratiquement rien à l'équilibre des pouvoirs au conseil municipal, où Union Montréal dispose d'une confortable majorité. Projet Montréal y aura maintenant 9 voix plutôt que 10.