Les Montréalais ont beau dresser un bilan partagé des fusions de 2001, ils se montrent étonnamment satisfaits de la ville dans laquelle ils vivent aujourd'hui et des services qu'ils reçoivent. Un bon point pour l'administration du maire Gérald Tremblay, a estimé son porte-parole, Darren Becker, à la suite du sondage publié à la une de La Presse.

«Les fusions et défusions, ce ne sont pas des exercices menés et pensés par la Ville. Ce que nous contrôlons, ce sont les services aux citoyens. Et c'est très encourageant de constater que les Montréalais en sont satisfaits.»

Selon le sondage Angus-Reid-La Presse mené notamment auprès de 803 résidants de la nouvelle ville, 45% jugent que les fusions de 2001 ont été une mauvaise, voire une très mauvaise chose. Près d'un Montréalais sur deux, soit 49%, juge que la Ville est moins bien gérée qu'avant. Il y a par ailleurs trop d'élus à Montréal, croient 65% des répondants.

«Il faut prendre ça avec un grain de sel, dit M. Becker. Quand il y a moins d'élus, il faut plus de personnel politique. Soit on a moins d'élus, qui sont débordés et qui représentent des centaines de milliers de personnes, soit on a des élus que les citoyens sont capables de joindre et qui sont en mesure de répondre à leurs attentes.»

Le porte-parole estime que la satisfaction des Montréalais à l'égard des services qu'ils reçoivent est une preuve de cette analyse. En effet, 61% des Montréalais se disent satisfaits de la façon dont les choses se passent. L'enlèvement des ordures et la gestion des parcs, notamment, satisfont plus de 80% des répondants. «Si les gens sont satisfaits, c'est qu'ils peuvent notamment avoir accès à leur élu quand il y a un problème», croit M. Becker.

Une réforme pour «simplifier»

Cette explication ne convainc nullement la chef de l'opposition à l'hôtel de ville, Louise Harel, pour qui il y a effectivement trop d'élus. À l'origine, en 2001, les conseillers d'arrondissement devaient disparaître après un mandat, rappelle-t-elle. Le nombre d'élus montréalais aurait alors été de 65, aujourd'hui, et non de 105. C'est la loi 33, adoptée en décembre 2003, qui a gâché la sauce et qui explique le mauvais bilan que font les Montréalais de cette aventure.

«Je ne m'étonne pas qu'il y ait de la confusion dans l'esprit des Montréalais, dit Mme Harel. La réforme de 2001, c'était pour simplifier les choses. Il n'était pas question d'appeler «maires» les présidents d'arrondissement; ils étaient choisis par leurs pairs et non élus au suffrage universel. Aujourd'hui, les maires d'arrondissement pourraient même théoriquement faire des relations internationales!»

Invité à commenter le sondage, le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, avoue que ces «chicanes de structures» l'indiffèrent. «Ça ne m'intéresse pas, je n'ai pas fondé Projet Montréal pour nous enliser là-dedans.» Il relève cependant avec une certaine ironie le fait que seulement 17% des Montréalais considèrent Gérald Tremblay comme un bon maire. «Montréal n'a pas eu un bon maire depuis... la deuxième période de Jean Drapeau (à la fin des années 60). Ça fait longtemps qu'on est en attente!»