La Ville de Montréal a besoin d'argent, répète le maire Gérald Tremblay depuis des mois. Elle en a trouvé, et beaucoup, dans les poches des propriétaires de maison, des automobilistes et des commerçants pour son budget 2011, présenté hier. Quelque 150 millions de dollars supplémentaires, en fait, que les Montréalais auront à débourser en impôts, taxes et tarifs de toutes sortes. En moyenne, on parle d'une hausse de 5% du fardeau fiscal des citoyens de la Ville de Montréal.

Pour une résidence de 348 000$ (la valeur médiane à Montréal), l'impôt foncier augmentera de 127$ en 2011. Pour chaque voiture que compte cette résidence, il faudra ajouter une taxe d'immatriculation de 45$, qui ira renflouer les transports en commun.

Les deux partis de l'opposition ont dénoncé avec virulence ce budget. Louise Harel, chef de Vision Montréal, l'a qualifié de «budget sans audace, sans courage et sans vision». Du côté de Projet Montréal, le chef, Richard Bergeron, estime qu'«une fois de plus, on a droit à un budget sans imagination, sans direction, sans projet pour les Montréalais, mais malheureusement avec des hausses de taxes».

Le maire Gérald Tremblay s'est cependant dit fier de son budget. Selon lui, la croissance des dépenses est «parmi les moins élevées» des villes nord-américaines. «Ce budget tente dans un contexte difficile de rendre notre ville plus accueillante et plus sécuritaire», a-t-il déclaré en conférence de presse à l'hôtel de ville. «C'est une bonne nouvelle d'une administration responsable. C'est vrai que personne ne veut payer ou faire un effort personnel. Mais les contribuables sont prêts à faire un effort additionnel si c'est consacré aux routes et à l'eau.»

Le Plateau et le Sud-Ouest touchés

Négligées pendant des décennies, les infrastructures de Montréal doivent faire l'objet d'investissements importants, a expliqué le maire Tremblay. On y investira donc 790 millions l'an prochain pour «combler les retards du passé». Le déficit actuariel du régime de retraite, par ailleurs, explique à lui seul les deux tiers de la hausse de 5% des dépenses.

Au chapitre de l'impôt foncier, les contribuables subiront une hausse globale de 2,5%, sous le seuil de l'inflation de 3,2% prévu par le Conference Board, a souligné le maire. Il exclut cependant de ce calcul les contributions aux fonds de l'eau et de la voirie, une manne de 50 millions, soit une hausse de 1,8% de l'impôt foncier.

De plus, les Montréalais subiront un traitement bien différent selon l'arrondissement où ils habitent. Ceux du Sud-Ouest, avec une hausse globale de 7,3%, seront les plus touchés, suivis par les résidants du Plateau-Mont-Royal, avec une hausse de 6,8%.

Neuf arrondissements, un de plus qu'en 2010, ont décidé d'imposer en outre une taxe spéciale. Globalement, ces taxes représentent une hausse de 0,1% du fardeau fiscal municipal.

Bonne nouvelle, cependant: la hausse de la valeur foncière, qui a été de 23,5% entre 2007 et 2011, sera étalée sur les trois prochaines années «pour donner une chance à tout le monde d'absorber la hausse d'une façon logique et ordonnée», a expliqué le vice-président du comité exécutif, Alan DeSousa.

Embauche à la Ville

Quant à la taxe de 45$ sur l'immatriculation des véhicules dans l'île de Montréal, elle devrait s'appliquer «le plus vite possible», a précisé M. Tremblay. En tablant sur son instauration en milieu d'année, on prévoit qu'elle rapportera quelque 18 millions.

En ce qui concerne le fameux péage métropolitain, qui pourrait rapporter quelques centaines de millions de dollars, «on est en train de l'évaluer», a annoncé le maire. «Ça fait longtemps qu'on dénonce les limites de l'impôt foncier. On doit diversifier nos sources de revenus.»

L'administration Tremblay a cependant dû justifier la hausse spectaculaire de la rémunération de ses employés, de 5,6% (soit près de 80 millions de dollars) en 2011. De plus, même si le directeur général Louis Roquet a reçu le mandat de dégraisser l'appareil municipal, 400 postes à temps plein seront créés dans les services centraux l'an prochain. On comptera notamment 70 nouveaux postes liés au réseau d'eau, 63 postes de pompiers et 44 de policiers.

La Ville s'est donné le mandat «d'augmenter la compétence à l'intérieur de l'administration publique, a expliqué le directeur. On a rapatrié des choses qu'on avait laissées aller à l'externe.»

Le maire Tremblay s'est en outre félicité de la hausse de la contribution de la Ville au chapitre des transports en commun. Pour la Société de transport de Montréal, c'est 28,5 millions de plus dans ses coffres. Le Service de police de la Ville de Montréal aura droit à une hausse-surprise de 30,6 millions, ou 5,1%, de son budget, pour financer l'escouade de cadets et nommer 150 policiers permanents. Le Service de sécurité incendie de Montréal aura également droit à un cadeau de 22 millions pour notamment rajeunir ses installations et ses camions.

L'administration Tremblay a en outre de grands projets totalisant près de 4 milliards pour les trois prochaines années, dont 1,1 milliard l'an prochain. Le tiers de cette somme sera consacré au développement économique et à la construction de nouvelles installations. Le Quartier des spectacles aura notamment droit à 50 millions pour sa dernière phase.