Le nombre de personnes ayant recours à l'aide alimentaire a grimpé de 22% en 2010, a révélé ce matin Moisson Montréal. Le nombre d'enfants sollicitant l'aide alimentaire a fait un bond record (35%), tout comme celui des étudiants, qui a doublé en une année.

«Un nombre record de Montréalais a eu recours à l'aide alimentaire en mars 2010, indique Zakary Rissa, directeur  liaison communautaire de Moisson Montréal. Parmi elles, il y a 35% d'enfants en plus. Il est important de noter que les étudiants ont doublé dans l'aide alimentaire.»

Si le Québec semble sorti de la récession, cette augmentation témoigne du lent glissement vers la pauvreté des personnes touchées par la crise. «C'est seulement un an ou deux ans plus tard, quand les personnes épuisent toutes leurs ressources, qu'elles se tournent vers l'aide alimentaire», croit Danielle Blain, directrice du financement et des communications de Moisson Montréal.

Le profil des personnes nécessitant l'aide alimentaire varie lui aussi, selon les données compilées par Moisson Montréal. Entre 2009 et 2010, on compte plus de personnes touchant l'aide sociale et une baisse de celles au chômage. Du côté des travailleurs, les employés à temps partiel sont aussi plus représentés parmi les bénéficiaires de l'aide alimentaire.

Le gouvernement fait-il sa part pour lutter contre la précarité? Danielle Blain préfère souligner l'importance de la mobilisation de tous les acteurs pour faire face au problème de la faim. «Nous sommes le dernier filet social. La question est comment inclure les gens à mailler ce filet?», demande-t-elle.

Avec un nombre de denrées stables cette années, Moisson Montréal estime toutefois que la hausse du prix de certains aliments est leur épée de Damoclès. «On sait ce qu'a coûté la hausse du prix du maïs parce que nous ne recevons plus de produits céréaliers. La hausse du prix du riz peut faire mal», dit-elle.

Avec 140 697 personnes aidées, Moisson Montréal ne prévoit pas de diminution des besoins. «Ce sont des niveaux qui vont se maintenir, ne serait-ce qu'à cause du niveau de l'endettement. C'est vrai qu'il y a des créations d'emploi, mais ce sont beaucoup de temps partiels et il y a beaucoup de précarité», dit-elle.

Le sondage Bilan Faim dresse le portrait de l'utilisation des comptoirs d'aide alimentaire sur l'île de Montréal. Mené au mois de mars dernier, il s'inscrit dans un exercice effectué par les différentes banques alimentaires canadiennes. Moisson Montréal espère offrir 17 000 paniers ainsi que 40 000 repas pour Noël.