Les familles de personnes mortes lors d'une intervention policière se sont réunies hier devant les bureaux de la Fraternité des policiers et policières de Montréal pour une manifestation silencieuse à la mémoire de leurs proches. Ce rassemblement, espèrent ses organisateurs, reviendra tous les 22 octobre, à l'instar du National Day of Protest Against Police Brutality, aux États-Unis.

«C'est tout le temps la même histoire. La police tue, la police enquête sur la police, et il n'y a pas de justice», résume François Du Canal, l'un des organisateurs de la manifestation. «Partout où il y a de la police, il y a des abus, et le gouvernement ne fait rien», dit-il.

Serrant dans ses bras un portrait de son fils, le père de Quilem Registre, mort en 2007 à l'âge de 38 ans après avoir reçu plusieurs décharges de pistolet à impulsion électrique, a demandé d'une voix éteinte que justice soit faite.

Lilian Villanueva tenait, elle, un portrait de son fils Fredy. C'est une amie qui a pris la parole pour elle. «Elle souhaite qu'il n'y ait pas une autre mère sur Terre qui connaisse la douleur indescriptible de perdre un enfant aux mains de la police», a dit Jacqueline Perez. À ses côtés, le regard de Lilian Villanueva s'embuait de larmes.

Avec colère, Mohammed Benis n'a pas hésité à qualifier la Fraternité «d'association mafieuse qui discrédite le corps policier lui-même». Originaire du Maroc, M. Benis, dont le fils, Anas, est mort sous un tir policier en 2005, estime que le manque de transparence dans ces affaires discrédite le Québec comme le Canada. «On ne peut pas autoriser un policier à utiliser une arme à feu pour un oui ou pour un non», a-t-il lancé.

Selon François Du Canal, 63 personnes ont été tuées par la police à Montréal depuis 20 ans. Au Québec, les forces policières ont blessé 300 personnes depuis 1999, et seulement deux accusations ont été portées contre les policiers.

«C'est pour ça qu'on parle d'impunité. On veut en finir avec la brutalité policière, on veut la fin du profilage racial et social, un accès rapide à l'information et la fin de l'utilisation des pistolets électriques», a dit M. Du Canal.

Cette manifestation, au cours de laquelle ont été scandés plusieurs slogans tels que «Police partout, justice nulle part», sera suivie aujourd'hui d'une marche qui débutera à 12h30 au centre-ville pour se terminer devant le quartier général du SPVM, rue Saint-Urbain.