Pour la première fois en 18 ans, plus de 2000 policiers du SPVM sont descendus dans la rue mardi matin pour réclamer un «réinvestissement majeur» de la Ville dans son service de police. L'administration municipale prévient qu'elle n'envisage aucune hausse de budget importante.

Cette nouvelle offensive de la Fraternité des policiers et des policières de Montréal survient à quelques semaines du dépôt du budget 2011 de la Ville de Montréal. D'ailleurs, pendant la manifestation, les membres du comité exécutif participaient à leur réunion hebdomadaire à l'hôtel de Ville.

La grande marche s'est déroulée rue Saint-Denis, entre les rues Gilford et Notre-Dame. Vêtus d'un chandail rouge sur lequel on peut lire «Assez, c'est assez» et «Parent peut... Si Tremblay veut», les policiers se sont donné rendez-vous devant les bureaux de la Fraternité, près du métro Laurier. Selon le syndicat, plus de 2500 syndiqués ont répondu à l'appel.

Après avoir marché près de quatre kilomètres, les policiers se sont réunis devant l'hôtel de Ville, où leur président, Yves Francoeur, a pris la parole. «Il faut des budgets appropriés dans une métropole comme Montréal pour assurer la sécurité de la population», a déclaré M. Francoeur, acclamé haut et fort par les « manifestants ».

Yves Francoeur a rappelé qu'en deux ans, le budget du SPVM a été amputé de 35 millions. Plusieurs policiers qui ont pris leur retraite n'ont pas été remplacés, si bien qu'à la fin de 2010, le SPVM comptera 160 policiers de moins qu'au début de l'an dernier. Par ailleurs, 140 policiers temporaires risquent d'être mis à pied d'ici la fin de l'année.

«Ça eu quoi comme effet? Baisser le niveau de sécurité à Montréal», a déclaré M. Francoeur, rappelant les délais de réponse aux appels et le retard dans les enquêtes en matière de fraudes et d'agressions sexuelles.

Pas de hausse importante

La Ville de Montréal ne fait pas la même lecture de la situation. Aux yeux de Claude Trudel, responsable de la sécurité publique au comité exécutif, «la Ville de Montréal est l'une des villes les plus sécuritaires en Amérique du Nord».

Les policiers répondent aux appels prioritaires dans les délais prescrits, assure-t-il. Quant aux retards dans le traitement des plaintes, ils surviennent généralement au terme de l'été, alors que les effectifs sont réduits en raison des vacances.

Claude Trudel a prévenu qu'il serait «étonnant» que le budget de 2011 augmente de façon importante étant donné le «contexte économique actuel». Au début du mois, Gérald Tremblay a annoncé son intention de sabrer 250 millions en deux ans pour équilibrer son budget.

«Marc Parent (le nouveau directeur du SPVM) est bien au courant de la situation et il sait qu'il doit faire des efforts, a dit Claude Trudel. Il y a plusieurs façons d'économiser de l'argent. Est-ce que c'est une augmentation de la productivité? Est-ce un redéploiement des effectifs ou autre chose? Ça reste à voir.»

Rappelons que Marc Parent travaille sur une réorganisation du travail qui entraînerait l'abolition de postes de direction. Selon le syndicat, cette réorganisation ne permettra pas de ramener suffisamment de policiers sur le terrain.

Lors du conseil de lundi prochain, Vision Montréal présentera une motion pour que la Commission de la sécurité publique se penche sur la question des délais d'intervention de la police de Montréal afin d'émettre des recommandations avant la fin de l'année 2010.