Toujours aux prises avec un trou de 230 millions dans le budget de l'an prochain, le maire Gérald Tremblay a promis de ne pas alourdir le fardeau fiscal global des Montréalais au-delà de l'inflation, soit 2,5%.

Du même souffle, il a annoncé cet après-midi une vaste opération de révision des dépenses -une autre- qui devrait générer des économies de 125 millions par année. Le directeur général, Louis Roquet, a été mandaté pour scruter les budgets et déposer d'ici trois semaines ses recommandations.

«Tout est sur la table, sauf les services aux citoyens, a résumé le maire Tremblay. Peut-on faire des économies en rapatriant certaines sociétés paramunicipales? En faisant le ménage dans l'ensemble des programmes? Entre les arrondissements, peut-on regrouper certaines fonctions ou certains équipements? Il faut de l'énergie, de l'imagination et de la bonne volonté.»

Le printemps dernier, les trois partis représentés au conseil municipal avaient accepté d'unir leurs efforts pour trouver les quelque 400 millions manquants au budget 2011, selon l'évaluation de l'administration Tremblay. Le rapport du comité avait alors identifié deux avenues très générales : limiter la hausse du fardeau fiscal à l'inflation, et contrôler les dépenses de la Ville. Le détail des compressions avait été laissé au comité exécutif, a précisé le maire Tremblay, qui a réussi jusqu'à maintenant à couper 170 millions.

La tâche de Louis Roquet consistera à trouver rapidement 125 millions, notamment dans les dédoublements administratifs, en «travaillant différemment et de façon plus habile», a expliqué le directeur général. Le haut fonctionnaire a reconnu qu'il y aurait «éventuellement» des abolitions de postes, par exemple chez les cadres. Alors qu'on compte aujourd'hui un cadre pour neuf employés, on souhaite ramener ce ratio à un pour 13. On mise notamment sur les départs à la retraite -3% des effectifs chaque année- pour y arriver.

Il restera toujours, après cette opération, une centaine de millions à trouver «qu'on va combler avec différentes mesures», a annoncé, mystérieux, Alan DeSousa, responsable des finances de la Ville de Montréal.

«Manque d'ambition»

Entre 2006 et 2009, l'administration Tremblay avait procédé à une vaste révision administrative (la RASOP, pour «Revue des activités, services, opérations et programmes») qui a permis d'éliminer un millier d'emplois et d'économiser 300 millions par année. Le gras a pratiquement été éliminé, estime aujourd'hui le maire. «On a fait tout ce qu'on pouvait au niveau des unités d'affaires, il faut maintenant les transcender et revoir fondamentalement l'organisation de la Ville.»

Du côté de l'opposition, le conseiller Pierre Lampron, de Vision Montréal, a dénoncé le «manque d'ambition» de l'administration Tremblay. «Il y a un potentiel d'économies encore plus important, avec la réorganisation du fonctionnement entre les arrondissements et la ville centre.»

M. Lampron, qui avait siégé sur le comité multipartite chargé de préparer le budget le printemps dernier, a tout de même félicité le maire Tremblay pour avoir suivi ses recommandations. «Enfin, une volonté qui est exprimée de réduire les dépenses afin de ne pas augmenter les taxes! C'est notre ligne depuis le début. Nous allons offrir à l'administration de la Ville toute la collaboration nécessaire.»