La Fraternité des policiers et des policières de Montréal poursuit sa campagne pour dénoncer les compressions budgétaires de 35 millions en deux ans au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) en publiant les doléances de policiers à l'égard du manque d'effectifs sur le terrain.

Le syndicat qui représente les policiers de la métropole a confié à la firme Léger Marketing, il y a quelques mois, qu'il avait organisé 15 groupes de discussion pour sonder le moral des troupes à propos des problèmes qui touchent leur travail au quotidien. Plusieurs témoignages concernant les conséquences des coupes budgétaires ont été publiés, sous le couvert de l'anonymat, dans le dernier numéro du magazine syndical La Flûte.

«On suivait un gars de vol qualifié, puis on savait qu'il allait jobber dans une banque. On le savait, mais on ne savait pas quand, alors on le suivait. Mais là, le boss nous a dit de retourner au poste (...) pas de temps supplémentaire. On est retourné au poste, et, deux heures après, il faisait un vol à main armée, mais ce n'est pas grave. On a sauvé de l'argent», a raconté l'une des personnes interrogées dans le cadre de cette enquête.

«Souvent, des gens appellent pour dire que la police n'est pas encore venue et ça fait 16 heures», a dénoncé un autre policier.

«En 1997..., il y avait 80 enquêteurs au Centre opérationnel Sud et aujourd'hui on est 40, et ils viennent d'augmenter les tâches. On est tellement backlog (en retard, NDLR) qu'on appelle des gens pour régler leurs plaintes de l'an passé. C'est gênant; je dois leur dire que je viens d'avoir la plainte aujourd'hui...» peut-on lire un peu plus loin.

La publication de cet article survient alors que le syndicat tente d'éviter la mise à pied de 140 policiers temporaires en raison des compressions budgétaires qu'a imposées la Ville de Montréal. La Fraternité soutient que 160 policiers à la retraite n'ont pas été remplacés depuis leur départ. En entrevue avec La Presse la semaine dernière, le nouveau directeur du SPVM, Marc Parent, a indiqué qu'il étudiait actuellement différents scénarios afin de régulariser le statut des policiers temporaires.

«Est-ce normal que, le 15 août dernier, il n'y ait eu que deux patrouilleurs pour 75 000 citoyens à Saint-Léonard? Est-ce normal qu'il y ait actuellement 1400 dossiers d'enquête pour fraude qui attendent d'être traités? Est-ce normal que les filatures et l'écoute électronique soient sévèrement limitées par manque de budgets?» écrit dans un éditorial le président de la Fraternité, Yves Francoeur.