Le maire Gérald Tremblay dit être à l'origine de l'enquête qui a mené le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) à renoncer à un contrat avec la firme Sécur-Action. Il dit avoir sourcillé en constatant que le prix proposé par l'entreprise était anormalement bas.

Le maire a affirmé hier que l'entente que s'apprêtait à conclure la Ville avec Sécur-Action a attiré son attention il y a quelques semaines. Avant même la nomination du chef Marc Parent, le comité exécutif s'est penché sur les deux contrats que devait confier la Ville à la firme pour la surveillance des installations du SPVM.

Or, dit le maire, le prix que demandait Sécur-Action était encore plus bas que celui qu'exigeait Cartier, la firme qui avait raflé le contrat en 2009. Cette dernière compagnie n'a jamais exécuté l'entente, puisqu'elle s'est mise sous la protection de la Loi sur la faillite.

Dans l'intervalle, BCIA a assuré la surveillance des bâtiments du SPVM. Et lorsque cette entreprise a fait faillite, l'ancien chef Yvan Delorme a choisi Sécur-Action pour la remplacer.

«J'ai posé des questions: si ce n'était pas rentable pour Cartier, comment ça pouvait l'être pour Sécur-Action, qui proposait un prix inférieur? a indiqué M. Tremblay. J'ai fait mon travail à ce moment, j'ai informé le SPVM, Marc Parent, et j'ai demandé que si le contrat devait être octroyé, que ce le soit dans les règles de l'art.»

Au terme de l'enquête, le SPVM a décidé mardi de ne pas faire affaire avec la firme dirigée par l'homme d'affaires Éric Beaupré. Dans une entrevue à The Gazette, le chef Marc Parent a affirmé n'avoir décelé rien d'anormal avec les gardiens à l'emploi de Sécur-Action. «C'est la compagnie», a-t-il affirmé au quotidien.

Sécur-Action a depuis écrit au SPVM pour demander une version papier du rapport d'enquête. Elle a également mandaté ses procureurs pour étudier différentes avenues pour contester la décision de la force policière. Et à ce stade-ci, elle n'exclut pas un recours aux tribunaux.

«C'est assez étrange de constater qu'en quelques heures, on est partis de motifs en lien avec une enquête de réputation, pour en arriver à une technicalité à propos des prix trop compétitifs», a lancé la porte-parole de la compagnie, Odette Côté. Elle répète que c'est parce que ses frais administratifs sont beaucoup plus bas que Sécur-Action a pu soumettre un prix plus bas que ses concurrents.

Sécur-Action a décroché deux autres contrats avec la Ville de Montréal. Elle effectue de la surveillance dans l'arrondissement Outremont et dans une usine de traitement des eaux usées. Le maire Tremblay affirme qu'il n'est pas question de résilier ni l'une ni l'autre de ces ententes.

«Des vérifications ont été faites auprès du contentieux et ce n'est pas le même type de sécurité, a affirmé Gérald Tremblay. La sécurité au SPVM, c'est une chose. Dans un arrondissement comme Outremont ou encore dans notre bâtiment pour le traitement des eaux usées, c'est différent.»

L'opposition souhaite pour sa part que la commission de la sécurité publique se penche sur l'affaire.

«On veut chercher à comprendre comment ça se fait qu'à deux reprises, on se soit retrouvés avec une compagnie à risque», a indiqué le porte-parole de Vision Montréal en matière de sécurité publique, Réal Ménard.

Un contrat à Québec

Par ailleurs, Sécur-Action a posé sa candidature pour obtenir un autre contrat de surveillance de locaux policiers, cet été. Il s'agit cette fois du poste de police de l'arrondissement de La Cité Limoilou. Sécur-Action a déposé la soumission la plus basse, au montant de 186 971$.

Toutefois, la Ville de Québec refuse pour l'instant de signer le contrat. «Secur-Action a en effet emporté l'appel d'offres, a indiqué Jacques Perron, le porte-parole de la Ville. Mais le contrat n'a toujours pas été signé. Les différents services de la Ville procèdent à des vérifications sur les actionnaires et le personnel, et nous verrons plus tard si nous poursuivrons le processus.»

La Ville de Québec se trouve à agir de la même façon que le ministère de la Sécurité publique. Cet été, Sécur-Action a aussi emporté l'appel d'offres pour la surveillance du palais de justice de Montréal et du centre judiciaire Gouin, mais le ministère attend les conclusions des nouvelles vérifications de la Sûreté du Québec avant de signer le contrat.