Les travaux de réfection de l'échangeur Dorval, non loin de l'aéroport Trudeau, sont retardés d'au moins deux ans parce que le ministère des Transports a lancé le chantier avant d'avoir conclu des ententes avec différents propriétaires fonciers du secteur, y compris deux compagnies ferroviaires.

Selon nos informations, le Ministère tarde à ratifier une série d'ententes, entre autres avec le Canadien National (CN) et le Canadien Pacifique (CP), propriétaires des voies ferrées qui traversent le chantier. Les délais du MTQ sont si «incroyables», selon une source, que le nouvel échangeur ne sera pas terminé avant 2015, voire 2016 selon certains. Il devait à l'origine entrer en service dès 2013.

Le maire Gérald Tremblay a été le premier à parler publiquement du retard, jeudi soir, lors de la réunion du conseil d'agglomération. Il a affirmé que les travaux ont été ralentis à cause de négociations plus ardues que prévu avec un hôtel situé près du chantier et avec le CP.

Depuis, différentes sources ont confirmé le cafouillage. On affirme en outre que le MTQ a changé «quatre ou cinq fois» de gestionnaire de projet. On indique également que des pourparlers avec l'hôtel Fairfield Marriott se sont avérés plus longs que prévu, car l'entreprise s'inquiète de la construction d'une voie de circulation près de son immeuble.

Une dizaine de partenaires

«Notre planification stratégique nous a forcés à revoir les échéanciers du projet et on prévoit maintenant compléter les travaux pour 2015. Tous nos partenaires ont été informés, déjà, de la situation», a confirmé hier à La Presse Réal Grégoire, porte-parole du MTQ.

Ce dernier a insisté sur le fait que le MTQ doit traiter, dans ce projet, avec une dizaine de partenaires incontournables et que plusieurs délais étaient imprévisibles, notamment sur le plan des acquisitions des terrains qui se révèlent plus compliquées que prévu.

M. Grégoire assure toutefois que le MTQ maintient la date de 2011 pour la mise en service de l'élément le plus important du projet, soit la construction de la nouvelle bretelle reliant directement l'autoroute 20 à l'aéroport. Cette structure permettra aux automobilistes d'éviter de passer par le tunnel actuel, qui relie le rond-point Dorval au secteur Côte-de-Liesse.

Le CN a indiqué hier être en pourparlers depuis «plusieurs années» avec le MTQ pour la réalisation du projet. L'entreprise doit conclure trois ententes avec le Ministère avant que les travaux puissent aller de l'avant. Les parties doivent convenir d'une entente de principe sur le projet, d'un contrat qui touche spécifiquement l'échangeur Dorval, et d'un autre qui concerne la construction d'un viaduc par-dessus la voie ferrée.

Or, indique la porte-parole du CN, Julie Sénécal, aucune des trois ententes n'a encore été signée.

«Il n'y a pas de désaccord, c'est seulement long, a-t-elle affirmé. On envoie de l'information et ça revient plusieurs mois plus tard.»

Un chantier de 224 millions

Le réaménagement de l'échangeur Dorval est le plus gros chantier routier en cours dans l'île de Montréal. Lors de son lancement, en février 2009, les coûts du projet étaient estimés à 224 millions. Les travaux devaient durer quatre ans.

Le projet est complexe. Il visait à simplifier les déplacements automobiles entre le rond-point Dorval, sur l'autoroute 20, et l'échangeur Côte-de-Liesse, sur l'autoroute 520, qui sont situés de part et d'autre des voies ferrées du CN et du CP. Il vise aussi à construire des accès routiers plus directs entre les autoroutes pour desservir la zone de l'aéroport international Montréal-Trudeau.

Une nouvelle bretelle reliera ainsi directement la zone de l'aérogare à l'A-20, en passant au-dessus des voies ferrées. Un nouveau boulevard sera construit entre le rond-point Dorval (A-20) et l'échangeur Côte-de-Liesse (A-520) sous les voies ferrées du CN et du CP pour faciliter la circulation d'un côté à l'autre de l'emprise ferroviaire, et les connexions.

La construction de nouvelles infrastructures au-dessus et en dessous des voies ferrées commande toutefois des travaux majeurs dans l'emprise ferroviaire pour lesquels le MTQ doit s'entendre avec les propriétaires des voies, le CN et le CP. Des hauteurs minimales devront être respectées entre les voies ferrées et la nouvelle bretelle de l'A-20 menant à l'aéroport.

Le passage du boulevard sous les voies ferrées nécessitera de plus la construction d'un nouveau viaduc ferroviaire, sans interrompre la circulation des trains.

Environ 130 convois traversent ce secteur stratégique tous les jours, soit les trains de banlieue et de Via Rail, en plus des trains de marchandises du CN et du CP. Il s'agit de l'un des corridors ferroviaires les plus occupés au Canada.

«C'est pour cela, dit le porte-parole du MTQ, que nos partenaires ont exigé des garanties blindées leur assurant que nos travaux seront réalisés sans nuire à leurs opérations quotidiennes.»

«C'est vrai que nous n'avons pas encore signé d'ententes, a-t-il enchaîné, mais les pourparlers se déroulent normalement. Et il n'y a pas de conflit entre le MTQ et les transporteurs ferroviaires.»