Pour éviter que l'augmentation des valeurs frappe de plein fouet les Montréalais, l'administration Tremblay doit étaler la hausse des valeurs foncières, baisser les taux et réviser ses programmes d'accession à la propriété, estiment les deux partis de l'opposition à l'hôtel de ville.

«Vivre à Montréal est de plus en plus coûteux et inaccessible pour les familles, note Pierre Lampron, conseiller de Vision Montréal. La première question, c'est de travailler très fort à revoir complètement les programmes d'accès à la propriété.»

Avec le nouveau rôle d'évaluation, ces programmes ne correspondent plus à la réalité du marché immobilier à Montréal, soutient le conseiller. Pour profiter d'une subvention, le prix d'une propriété neuve ne doit pas dépasser 265 000$, alors que la valeur moyenne, selon la Société canadienne d'hypothèques et de logement, était de 351 000$ en 2009.

De plus, croit M. Lampron, «les Montréalais ont besoin d'être rassurés quand ils vont entendre que leur maison a augmenté de 25%: il faut qu'ils sachent que non, leur impôt ne va pas augmenter de 25%.»

Pas d'augmentation de taxe de 25%

Le directeur du budget, Jean-François Leclaire, a tenu à se faire rassurant, hier, en conférence de presse: «C'est clair qu'il n'y aura pas augmentation de taxe de 25% l'an prochain. Ça, c'est une certitude.» Il a précisé qu'il est «prématuré de spéculer» sur l'impact de ce rôle sur l'avis d'impôt foncier, invitant les contribuables à «patienter deux petits mois».

Par communiqué, le vice-président du comité exécutif et responsable des finances de la Ville de Montréal, Alan DeSousa, a abondé dans son sens: «Il ne faut pas confondre augmentation de la valeur foncière avec charge fiscale. Pour connaître les charges fiscales de 2011, il faut attendre le dépôt et l'adoption du prochain budget.»

L'administration Tremblay ne s'est pas engagée à étaler la hausse ou à geler le fardeau fiscal. Tout au plus M. DeSousa a-t-il promis «une gestion avisée et serrée des finances publiques».

Pour Peter McQueen, conseiller de Projet Montréal dans Notre-Dame-de-Grâce, l'annonce d'hier constituait «une deuxième mauvaise journée de suite» pour le Plateau-Mont-Royal et le Sud-Ouest. Après les annonces de mardi sur la péréquation de 12 millions dont ne profitent pratiquement pas ces deux arrondissements, la hausse des valeurs foncières touche particulièrement leurs résidants, a expliqué M. McQueen. «On se demande d'ailleurs si l'annonce d'hier était une coïncidence.» Il a exhorté l'administration Tremblay à s'engager à ajuster la hausse de l'impôt foncier à l'inflation. Projet Montréal, au pouvoir dans l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal, va également «regarder les possibilités» d'atténuer l'impact des hausses sur ses propres résidants, a promis le conseiller McQueen.