Conscient des «immenses attentes» à son égard, le nouveau directeur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Marc Parent, s'est engagé lundi à bâtir un corps policier plus près des communautés culturelles.

«Je veux amener la police dans sa communauté de façon encore plus inclusive», a-t-il déclaré lundi après-midi à l'occasion de sa première sortie publique à titre de chef du SPVM.

Près d'un mois après avoir été choisi par le maire, Marc Parent a officiellement succédé à Yvan Delorme, lundi. La cérémonie de passation de pouvoirs s'est déroulée dans le hall d'entrée de l'hôtel de ville en présence de nombreux dignitaires, dont le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil.

Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, a incité Marc Parent à «redoubler d'efforts» pour enrayer les «pratiques discriminatoires» au sein du SPVM, dont le profilage racial et le profilage social.

«Je suis bien conscient qu'au cours des dernières années, des efforts considérables ont été faits, a déclaré le maire. Mais aujourd'hui, je vous dis: réglez les problèmes, changez les perceptions, améliorez les engagements et les pratiques du Service de police et soyez vigilant quand il s'agit de reddition de comptes. Voilà votre mandat.»

Marc Parent, 46 ans, a invité les policiers du SPVM à l'aider à «réaliser les transformations qui s'imposent». «Je compte sur chacun de vous afin que, fondamentalement, nous investissions notre service de police dans sa communauté», a-t-il déclaré.

L'approche qu'il souhaite préconiser ne vise pas uniquement les communautés culturelles, a-t-il souligné au cours d'un point de presse après la cérémonie. «C'est l'approche microquartier: la police doit s'insérer dans son quartier, faire partie de la dynamique», a-t-il expliqué.

De son côté, Yvan Delorme a remercié le maire et félicité son successeur. Plusieurs collègues l'ont chaudement applaudi, mais le président de la Fraternité des policiers, Yves Francoeur, a préféré s'abstenir.

«Redéploiement» des ressources

L'entrée en fonction de Marc Parent survient au moment où la Fraternité des policiers réclame haut et fort un financement accru du SPVM. La syndicat a fait paraître des publicités ce week-end pour inciter le maire à «donner les moyens aux policiers de répondre adéquatement aux citoyens qui composent le 911».

M. Parent a affirmé que, selon ses informations, les délais de réponse aux appels n'avaient pas changé. Il entend néanmoins évaluer la «situation réelle» et faire le point avec Yves Francoeur cette semaine.

Va-t-il réclamer plus d'argent aux élus? «Il faut surtout évaluer le déploiement actuel des ressources», a-t-il répondu. Marc Parent n'a pas voulu donner lundi les détails de son plan d'affaires, affirmant vouloir d'abord en parler à ses troupes. Selon nos sources, il souhaite remanier l'organigramme du SPVM afin d'en alléger la structure.

Le nouveau directeur dit étudier «différents scénarios» pour garder les policiers temporaires. D'ici la fin de l'année, 140 d'entre eux risquent d'être licenciés, une situation décriée par le syndicat. «On a investi énormément dans ces personnes-là, a-t-il rappelé. Quand on forme des gens, on souhaite les garder.»

Par ailleurs, Marc Parent souhaite conférer au SPVM «une plus grande flexibilité» pour mieux s'adapter aux criminalités émergentes, dont la cybercriminalité. Comme l'a révélé La Presse le mois dernier, il veut établir des critères clairs afin de mieux encadrer l'épineux dossier de la commercialisation des services.

Après avoir rencontré ses troupes, Marc Parent prévoit faire le point avec les médias la semaine prochaine pour détailler sa vision et son plan d'affaires.