Arrêté au mois de mai par l'escouade Marteau, un contremaître de l'arrondissement de Saint-Léonard fait face à des accusations de corruption, de fraude et d'abus de confiance. Jean Lisella a été pris en flagrant délit lorsqu'il a accepté de l'argent d'un agent double.

Selon des documents produits en cour, M. Lisella, 48 ans, a accepté «une récompense, un avantage ou un bénéfice, en considération d'une collaboration, d'une aide, d'un exercice d'influence, d'un acte ou d'une omission concernant la conclusion d'affaires avec le gouvernement» - en l'occurrence la mairie de Saint-Léonard.

Il aurait négocié avec Alain Bélanger, propriétaire d'une entreprise d'entretien paysager de Laval qui a raflé trois contrats totalisant près de 500 000$ pour la tonte de pelouse autour des bâtiments municipaux, des parcs et des terre-pleins de Saint-Léonard entre 2007 et 2009.

L'arrondissement n'a pas retenu les services de cette firme en 2010. La tonte du gazon est maintenant assurée par Entreprises Tony Di Feo, qui a décroché au terme d'un appel d'offres un contrat de 111 514,88$. C'est 45 000$ de moins que le dernier contrat obtenu par Entretien Alain Bélanger en 2009.

Les documents révèlent aussi que M. Lisella a été pris la main dans le sac lorsqu'il a accepté une somme d'argent d'un agent double de la Sûreté du Québec.

Le contremaître a été arrêté le 5 mai lors d'une perquisition menée à la mairie de Saint-Léonard et au garage municipal situé tout près. La SQ l'a relâché après son interrogatoire. Il s'est présenté en cour au début du mois de juillet pour faire face à des accusations de fraude, d'abus de confiance et de corruption. Il retournera en cour au mois d'octobre.

L'arrestation du contremaître a surpris l'administration municipale. M. Lisella n'était pas «dans le radar» des vérificateurs internes, avait indiqué le directeur des relations professionnelles de la Ville de Montréal Jean-Yves Hinse, après l'opération policière.

Il est resté au service de l'arrondissement dans un premier temps, mais, après l'avoir questionné, la Ville a décidé de le suspendre sans solde le 20 mai. Pour l'heure, M. Lisella est toujours suspendu.

«Il n'est pas coupable jusqu'à preuve du contraire, a expliqué Jean-Yves Hinse. À la fin du procès, s'il est reconnu coupable ou s'il plaide coupable, c'est clair pour nous que c'est la fin de son emploi.»

Jean Lisella n'a pas rappelé La Presse hier.

Il n'a pas non plus été possible de joindre l'homme d'affaires Alain Bélanger, dont l'entreprise ne figure pas dans les bottins téléphoniques.

Cet entrepreneur est bien connu de la Ville de Laval, qui lui avait confié un contrat de 228 000$ en trois ans pour l'entretien paysager du secteur nord-est de la municipalité. La Ville a résilié le contrat au bout d'un an, au mois de mai, parce que l'entrepreneur n'avait pas respecté ses engagements.

La Ville de Laval a depuis mandaté son service du contentieux pour récupérer près de 27 000$.

«C'est un entrepreneur à problème», a résumé le porte-parole de la Ville, Marc Laforge.